Un défilé du 14 juillet sans l’armée ! Pas d’airs martiaux ! Une ambiance populaire, bon enfant. Il est difficile de s’imaginer cela. Cela avait été la revendication d’Eva Joly en 2011, lorsqu’elle se présenta à la présidentielle. Je veux profiter de reprendre un article du « Nouvel Observateur » afin de me poser la question de l’identité nationale. Pourquoi serait-elle représentée uniquement pas les militaires ? Avons-nous besoin de ce décorum afin de savoir qui nous sommes ? Il faut croire que oui. L’histoire de la France ne peut-elle être représentée que par des faits d’armes ? Où sont passés les grands philosophes du siècle des lumières ? Les penseurs qui ont permis au pays d’être ce qu’il est aujourd’hui ? Je ne veux pas sous-estimer le rôle de l’armée dans le développement du pays. Si elle est un gage d’unité au-delà des clivages politiques, elle a une importance primordiale pour ce que je nommerais l’unité. Contrairement à ce qui se passe en Allemagne, où la Bundeswehr est plutôt la mal-aimée de la nation, il serait un sacrilège ici de remettre en question l’armée. Outre-Rhin elle a plutôt le relent d’un passé malheureux. Ceux qui sont en mesure de faire des liens historiques vous dirons, que la Wehrmacht a failli, lorsqu’elle s’est mise sous le joug d’Adolf Hitler lors d’une cérémonie qui a eu lieu à la garnison de Potsdam le 21 mars 1933. C’est là qu’elle a perdu à mes yeux son honneur. Son devoir aurait été de s’opposer à l’anéantissement de la démocratie. Elle a fait courbette devant le dictateur et a ainsi vendu son âme. Je cite cet exemple pour essayer de mieux définir le rôle politique que devrait avoir l’armée. Elle est en France sous le commandement direct du Président de la République et son rôle est de l’accepter, quelle que soit son action. Ceci tout au moins sur le papier. En République fédérale la démarche est une autre pour la Bundeswehr. Son rôle est de sauvegarder la démocratie et ceci indépendamment du gouvernement. Il est même stipulé que son rôle est de s’opposer à toutes formes de totalitarisme. Elle a ainsi un devoir d’ingérence dans les affaires de la nation.
C’est une différence de taille par rapport de ce qui se passe dans l’hexagone, où l’armée a l’obligation d’être loyale. Même si Marine Le Pen avait été élue à la tête de l’État, il en serait de même. L’armée aurait dû accepter ses décisions, mêmes si elles avaient été d’un type plutôt totalitaire. C’est là qu’il est permis de se poser la question si cette attitude est compatible avec l’idée qu’on se fait de la nation, qui représente encore aujourd’hui la déclaration universelle des droits de l’homme. Ne serait-il pas le temps de revoir les statuts de l’armée, de lui donner un rôle plus politique, tout au moins en ce qui concerne son pouvoir de décision ? Je sais, la peur qu’elle puisse s’emparer du pouvoir est encore profondément ancrée. Il y a ici une contradiction entre ce que devrait-être à mon avis son rôle et une réalité. Le souvenir des officiers félons de l’OAS n’est pas estompé, où quatre généraux ont essayé de faire un coup d’État pour arrêter le processus d’indépendance de l’Algérie. Il n’y a pas de solutions miracles, la raison pour laquelle il serait peut-être mieux de tout laisser comme c’est le cas maintenant.
pm