Vladimir Poutine a été reçu pas Emmanuel Macron dans « la masure » du Roi-soleil. Un lieu symbolique pour tous autocrates. Je suppose que le maître du Kremlin s’est senti honoré par l’attention que le Président lui a porté. Mais trêve de plaisanterie, cette première rencontre a été un pas de plus en direction de l’avenir de l’Europe, même si les tentions n’ont pas eu être écartées. Ce qui a caractérisé cette rencontre, c’est la sincérité des propos d’Emmanuel Macron. Tout en étant amical dans la forme, il a exposé tout ce qui le gênait, ce qui l’avait blessé comme les injures portées à son sujet par Russia today et Sputnik, deux compagnies proches du pouvoir. Aussi l’ingérence informatique dans la bonne marche de la campagne. Il lui a aussi exprimé son étonnement qu’il ait soutenu Marine Le Pen, la figure de proue de l’extrême-droite française. Vladimir Poutine a encaissé tout cela avec une certaine gêne. Il a défendu néanmoins le FN, en disant qu’il œuvrait pour un rapprochement entre les deux pays, qu’il avait rejeté les sanctions économiques provoquées par la crise ukrainienne. Les deux hommes étaient parfaitement conscients qu’il fallait parer à de nouvelles tensions pouvaient éclater à l’avenir. C’est la raison pour laquelle « un forum franco-russe » a été mis sur pied. Son rôle est d’anticiper, d’essayer d’éviter les écueils et d’apaiser toutes situations pouvant dégénérer. Cet organe pourrait être un instrument bienfaiteur en ce qui concerne les relations entre l’UE et la Russie. Depuis le G7 à Taormina, l’ambiance au sein de l’Alliance Atlantique est plus que perturbée.
L’Europe devra compter à partir de maintenant sur elle-même. Elle ne pourra plus se réfugier, avec un Donald Trump comme président, sous l’aile protectrice du grand frère américain. Emmanuel Macron, comme la Chancelière, sont bien conscients qu’à la longue il est impossible d’envisager un statu quo plus ou moins hostile au sein du continent, qu’il faudra bien que les choses évoluent. Il est très probable, en ce qui concerne le conflit ukrainien et la Crimée, qu’une réunion dite de Normandie, ait lieu d’ici peu. Il s’agirait de réunir à nouveau la Russie, l’Ukraine, l’Allemagne et la France autour d’une table et d’essayer, dans la discussion, de faire respecter l’accord de Minsk en l’appliquant enfin. Il est évidemment dans l’intérêt de tous, que les sanctions soient abolies. Les deux hommes ont aussi abordé la crise syrienne. Ils ont tout d’abord marqué leur volonté de combattre le terrorisme islamique avec tous les moyens possibles. Mais aller tendre la main à Bachar al-Assad, c’est un pas que la France ne fera pas. Elle ne met plus sa démission comme préalable à des négociations, mais répondra par les armes contre toutes attaques chimiques. Le Président n’a laissé aucun doute à ce sujet. Il a aussi parlé de la question des droits de l’homme en Russe et en Tchétchénie, où les homosexuels sont persécutés. Tout ce qui dérange a été dit. C’est le grand mérite d’Emmanuel Macron de l’avoir fait. Il a marqué ainsi des points en ne se soumettant pas à des intimidations. Il serait positif que Vladimir Poutine essaye de jouer le jeu et de tout faire afin qu’il y ait un rapprochement. Il doit savoir qu’il devra accepter certains compromis, afin de sortir son pays du marasme.
pm