Mon naturel m’aurait dicté de faire quelques concessions aux électeurs de gauche, afin qu’un nombre plus grand de « bulletins blancs » se métamorphosent en une croix derrière mon nom. Emmanuel Macron refuse de faire un tel pas et je pense après réflexion qu’il a raison. Lorsqu’on voit de quelle manière Marine Le Pen dérape au sujet de l’euro et de l’Europe, et ceci dans le seul but de faire du clientélisme auprès des électeurs du LR, on doit se dire que ce n’est pas la meilleure recette. Il part du principe que pour réformer le paysage politique de la France il ne faut pas entrer des des combines partisanes, dont les citoyens ont tellement assez. Le président doit rester ferme dans ses aspirations et ne pas céder pour des raisons d’intérêt électoral. Intellectuellement je peux très bien suivre ce raisonnement, mais sera-t-il suivi comme il le mérite par les citoyens ? Il serait bon que le candidat d‘ »En marche » fasse pendant le débat un peu de pédagogie. Il pourrait expliquer que la misère que nous connaissons actuellement est due à un manque de suite dans les idées. La France a besoin d’un président qui ne se plie pas à la moindre brise. Prenons la question très viscérale de la préférence nationale. Il pourrait suivre la même voie de facilité comme le fait Marine Le Pen. Il est toujours très populaire de s’engager, tout au moins verbalement pour tous ceux qui se sentent mis en rade. Mais la logique ne peut pas aller dans ce sens, car le marché du travail ne suit pas forcément les élans du cœur. Pour que les entreprises marchent il leur faut beaucoup de mobilité. De trouver la bonne personne pour le bon poste n’est pas une question de passeport. Et si on suit ce raisonnement, nous serions très embarrassés si à l’étranger il était fait de même. Bien des compatriotes y travaillent et c’est bien ainsi. L’idée de taxer l’embauche de travailleurs venant de l’UE, pour les autres venant d’ailleurs elle existe déjà, ne peut qu’entraver le développement économique. Ce serait évidemment une entrave aux règles communautaires qu’elle ne veut pas respecter.

Non, Emmanuel Macron définit ce qu’il pense même si cela ne plaît pas trop. Comme devant les grilles de Whirlpool la semaine dernière, où il a déclaré ne pas pouvoir sauver de manière arbitraire les emplois existant, mais de tout faire afin que le plan social soit respecté à la lettre. Il peut inciter le pôle-emploi à prendre en charge d’une manière efficace les ouvriers licenciés. Par contre il ne peut ni nationaliser le site, ni obliger la maison-mère aux USA de revenir sur sa décision. Tout cela pour expliquer que le candidat Macron connaît parfaitement les limites du pouvoir d’un chef d’État. Mais il sait aussi qu’il doit être ferme dans sa démarche intellectuelle. « Je pense,. donc je suis ! » Ce serait ma manière à moi de définir sa manière de faire. Tout d’abord la réflexion et ensuite affirmer haut et fort ce qu’il pense. Je ne crois pas qu’il soit hermétique par rapport aux critiques, mais ce sera à lui finalement de prendre une décision. C’est cette fermeté qu’il veut démontrer. C’est pour moi la raison pour laquelle il refuse qu’on lui fasse des appels du pied. Il devrait expliquer aux indécis que cette attitude est la condition absolue pour tirer la France du marasme actuel. Parler est une chose, agir une autre »

pm

http://tempsreel.nouvelobs.com/presidentielle-2017/20170502.OBS8806/l-extreme-droite-joue-l-ouverture-le-centre-ferme-les-portes-cherchez-l-erreur.html

Pierre Mathias

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