Je sais, il ne faut pas pavoiser trop tôt, après l’élection en Autriche d’un président vert face à l’extrême-droite, le grand ami de Donald Trump et de Marine Le Pen, Geert Wilders, n’a pas pu obtenir le but qu’il s’était fixé, celui de devenir le leader le plus fort des Pays-Bas- Avec 19 sièges contre 31 pour Mark Rutte, le premier ministre du parti populaire libéral et démocrate, il est loin derrière ses espérances. Il serait intéressant de réfléchir au pourquoi de cette défaite. Les populistes aiment s’emparer des thèmes qui blessent, qui causent de la peur. Dans une rhétorique assez simpliste, ils condamnent, ils diffament, blessent ceux qu’ils considèrent comme étant des intrus. Ce sont pour la plupart du temps des gens qui se trouvent en minorité, que ce soient les étrangers, les musulmans, les juifs, les tziganes ou les homosexuels, ils reprennent à leur compte les aversions d’un grand nombre d’électeurs. Mais une fois que les critiques ont été évoquées, ils restent assez tenus lorsqu’il s’agit de dire ce qu’ils feraient en cas de victoire. Lorsque Geert Widers dit vouloir interdire la pratique de l’islam, de fermer les mosquées et d’empêcher les gens de lire le Coran, il se fourvoie dans des revendications maximalistes, qui ne mènent strictement à rien. Même nombre de racistes sentent qu’il est impossible de gouverner ainsi. Cela mènerait le pays dans une isolation complète par rapports à leurs voisins et précipiterait l’économie dans le néant. Mais cela ne veut pas dire que le danger est écarté. Pour Mark Rutte le conflit avec la Turquie est arrivé au bon moment. L’occasion pour lui de démontrer qu’il pouvait être intolérant. Une chose est malgré tout évidente : des partis modérés deviennent plus tranchants, plus vindicatifs. La preuve qu’il y a de quoi être inquiet.

Ce n’est pas sans raison que François Fillon défend des thèses qui normalement devraient être du ressort du FN. Il espère ainsi ratisser plus large. Lorsque Marine Le Pen parle d’assimiler tous les étrangers, de rejeter l’intégration, car cette dernière ne prévoit pas un déni de leurs racines, elle mène une tactique perfide. Elle sait bien que cela est une utopie, pour elle peut-être un bon argument de déporter un jour nombre de récalcitrants dans leurs pays d’origine malgré leur passeports français. Humainement une horreur, juridiquement une hérésie. J’y vois des parallèles avec l’inquisition qui forçait les Juifs à se convertir, sinon ils étaient massacrés. J’ose espérer que nombre de ses sympathisants réfléchissent à de telles énormités. C’est du devoir des autres candidats à la présidence, quelle que soit leur famille politique, à démonter de tels propos. Il semble qu’au Pays-Bas cela ait porté des fruits. Je sais qu’il est impossible de transformer un xénophobe en un être tolérant. Mais il y a une chose qui compte avant tout pour eux : c’est le porte-monnaie. En démontrant qu’une politique aussi restrictive ébranle le système économique, il y a des chances qu’on tombe sur un terrain fertile. Personne ne veut subir le chômage ou la déchéance sociale à cause d’une idéologie erronée. Les Hollandais auraient subi de plein fouet une baisse de prospérité. Ils le savaient bien et se sont retenus dans leur très grande majorité de suivre un langage de haine qui les aurait isolés.

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2017/03/15/aux-pays-bas-mark-rutte-l-emporte-face-a-geert-wilders-mais-doit-recomposer-sa-coalition_5095143_3214.html

Pierre Mathias

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