Il y a la ligne Macron et celle d’un Trump. L’une est libérale, peu rigide et donnant aux citoyens une part de liberté d’agissement, l’autre rigide et dirigiste. Ce que nous voyons pour l’instant aux USA est un président perdant toute assise et pour se disculper des nombreuses erreurs, attaque la presse en la traitant de malhonnête. Cette fuite en avant ne réussira pas à l’émanciper. Le modèle Trump est voué à l’échec car il plonge le pays dans une sorte de campagne électorale sans fin. Il est évident que nous sommes plus guère réceptifs à une gouvernance qui applique sans cesse des décrets plus ou moins sensés. Le système d’Emmanuel Macron, quant à lui, cherche à nous inciter à montrer plus d’initiative et ne craint pas la controverse. L’autoritarisme, comme le conçoivent Marine le Pen et François Fillon, plongerait le pays dans une plus grande crise qu’actuellement. Même s’il est difficile de porter le fardeau des responsabilités, il est impossible dans une société du 21ème siècle de déléguer tout simplement son droit de décision à une seule personne, peu importe son profil. L’administration Trump démontre à quel point elle se déconnecte de la réalité. D’après les sondages le peuple , dans sa majorité , craint le désordre occasionné par un amateur en politique. Il y a un programme et sa réalisation. Une fois au pouvoir on attend d’un président sa faculté à s’imposer. Il a commis l’erreur de croire qu’il pouvait tout simplement braver tous ceux qui le critiquent. Il doit s’apercevoir que tout cela le mène dans l’ornière. C’est sous cet aspect là que Macron mène sa campagne. Pour que l’économie redémarre, il fait appel à de l’initiative. Les patrons doivent se sentir libres afin d’être efficaces. Mais ce n’est que la pointe de la pyramide. Sans l’appoint des salariés, tous progrès seraient caduques. Il faut qu’il fasse la démonstration que c’est dans leur intérêt à se mouvoir sans être ligotés par des lois restrictives.

Une chose est certaine, contrairement à Marine Le Pen, il ne conduirait pas le pays au désastre. Il a au contraire montré sa couleur en apportant son soutien complet à une Europe qui se cherche comme jamais. Il est clair que ses exigences envers le peuple sont grandes. Mais elles ont le mérite d’être réalistes. Les 144 points de Madame Le Pen vont dans tous les sens et ne reflètent pas ce qui serait indispensable de faire. En voulant être rigide, elle donne le sentiment de vouloir ignorer les faits réels qui nous entourent. Je pense que Macron devrait évoquer d’ici peu les grandes lignes de son programme. Il le fait déjà en dévoilant tranche par tranche quelles seraient ses options générales, tout en laissant un champ de manœuvre. Il lui est évident qu’il ne peut pas être un Monsieur Providence, qu’il a besoin de l’appoint de tous. C’est ce que je nommerais la liberté. Et encore une chose : nous vivons dans une société perméable qui ne peut que subsister dans sa mouvance. La rigidité l’amènerait à la sclérose. Ce n’est pas sans raison qu’il a nommé son mouvement « En marche ! ». Il sait qu’aucune décision prise unilatéralement puisse avoir un quelconque succès si elle ne tient pas compte de la mobilité. C’est-ce qu’un programme doit exprimer, non pas la paralysie.

pm

http://tempsreel.nouvelobs.com/presidentielle-2017/20170215.OBS5337/programme-de-macron-ses-premieres-propositions-jugees-par-des-experts.html

Pierre Mathias

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