Benoit Hamon a obtenu hier au premier tour de la primaire de la gauche 36% des voix, Manuel Valls 31%. Le vainqueur incarne ce qu’on pourrait nommer une certaine nostalgie d’un humanisme social qui a pour but de soutenir tous ceux qui se sentent plus ou moins rejetés par une société vorace. Le second est plutôt du type de l’opportuniste qui cherche a imposer le pragmatisme et dérive de ce fait plutôt au centre de l’échiquier politique. Il est évident que son séjour à Matignon a été marqué par son caractère de gestionnaire. Pour un socialiste une démarche qui ne correspond pas à ses aspirations. Dans l’état actuel de PS, peu importe qui gagne le second tour. Personne ne remportera la mise. Ce qui se dessine ici est grave, car le parti ne pourra plus que compter que sur un pourcentage infime. Il sera laminé et ne jouera plus aucun rôle au cours du prochain mandat présidentiel. Ce qui se passe-là pourrait être comparé à Waterloo. La question qui se pose est de savoir si cela correspond à la morphologie politique du pays ? Jusqu’à présent les deux camps étaient à peu près équilibrés. Je conçois parfaitement que la déception de l’ère Hollande ait mené le pays dans une telle disparité. Est-ce que le ras-le-bol correspond vraiment à ce que les sondages disent ? Dans un tel contexte il sera intéressant de voir ce qu’Emmanuel Macron sera capable de faire. Par son cursus gouvernemental il peut être classé comme étant un homme appartenant à la gauche modérée. Pourra-t-il redonner à tous ceux qui semblent désespérer un nouvel élan ? Il n’est pas nécessaire d’avoir une carte de parti pour avoir une sensibilité sociale. Jusqu’à présent il a fait un parcours sans fautes. Il s’avère aujourd’hui que sa tactique a été efficace. Qu’il se trouve aujourd’hui d’après les sondages en troisième place tient du miracle. Il représente une vraie alternative par rapport à Marine Le Pen en proposant l’ouverture au lieu du verrouillage de la France.
Il est dans son concept moderne en refusant de faire le jeu d’un système qui s’essouffle de plus en vue, comme c’est le cas un peu partout dans le monde. Il incarne une nouvelle voie qui pourrait être la fin du clivage gauche-droite. Maintenant ce sera aux instances du PS de décider comment aborder les élections de ce printemps. Serait-il raisonnable de lutter seul contre une vague qui menace de le rendre caduque ou ne serait-il pas mieux de retirer après le second tour de dimanche prochain le candidat élu ? Même si cela était pragmatique, je ne vois pas comment il pourrait le faire. Quelle sera l’attitude des électeurs ? Qu’une infime minorité soutiendra Benoît Hamon. Je pense qu’il ferait en cas de nomination un plus mauvais score que Jean-Luc Mélanchon. Et Manuel Valls ? Il est pour beaucoup synonyme d’échec. Malgré son aspect autoritaire il ne pourra pas gommer les réticences à son sujet, qu’elles soient justifiées ou non. Á mon avis la seule perspective qui me semble effective pour la gauche est d’apporter son soutien à Emmanuel Macron dès le premier tour, afin qu’il puisse affronter la droite d’une manière forte. Il ne s’agit pas de transiger lorsque la menace populiste se dessine de plus en plus. Plus que jamais le vote utile est de mise !
pm