On ne peut pas parler de déclin économique en République Fédérale, au contraire. Le boom économique est plus fort que jamais, malgré les tensions internationales. Les exportations au mois de novembre 2016 ont atteint un pic. Et le chômage est le plus bas depuis des années. Pour que cela dure, il faut inverser la courbe démographique. Bien des emplois ne peuvent pas être pourvus à cause du manque de personnel. Les naissances ne peuvent actuellement pas présager d’un avenir meilleur. D’où la recommandation des milieux économiques de faire appel à du personnel venant de l’extérieur. En 2015 et 2016, 1,1 millions de réfugiés sont venus en Allemagne et malgré cela la croissance était de 1,9% l’année dernière, soit un demi point de plus qu’en 2015 et ceci malgré les 20 milliards dépensés pour l’accueil des migrants. Dans le même temps, le ministère fédéral des finances enregistrait un excédent identique. Il est évident que ces investissements humanitaires ont contribué à l’essor du pays. La hausse des dépenses a fait un bond de 4,2%. Le nombre accru des habitants a créé un terrain propice à la consommation des ménages qui a augmenté de deux points, avec celle de l’État de 2,5%. L’impact des migrants sur la croissance enregistrée a été 0,3%. Lorsque ils seront intégrés elle pourrait être de 0,7%. C’est justement là que le plus gros effort devra être fait.

Que quelques dizaines de milliers de réfugiés ont trouvé un emploi. Si l’Allemagne veut gagner le pari de l’impossible, elle sera forcée de former les migrants et pour y arriver, il faut qu’ils soient en mesure de parler l’allemand. Il est évident que cela coûtera encore des sommes considérables, qui ne pourraient être compensées qu’à condition que le marché international le permette. Avec l’avènement le 20 janvier de Donald Trump à la tête des États Unis, il y a une inconnue de taille. S’il misait, comme il l’a déclaré, sur l’isolationnisme, la croissance allemande serait mise en sourdine. Le rejet de la politique migratoire du gouvernement, par le CSU, un membre de la coalition, fait craindre le pire s’il y avait un infléchissement économique. Certains milieux au sein de la population sont déjà xénophobes malgré la bonne marche des affaires. Les arguments démographiques ne semblent pas convaincre ceux qui seraient enclin à semer la haine dans la rue. Comme on le voit les statistiques positives n’ont qu’une impact faible dans ce domaine. L’industrie, quant à elle, elle prétend qu’il lui faudra encore plus de personnel venant de l’étranger afin de maintenir le cap. Sans migration, il se pourrait bien que les chiffres un jour tombent dans le rouge. Dans l’atmosphère actuelle, qui est hostile aux étrangers, une telle option ne semble pas réalisable. Les chefs d’entreprises pensent en premier lieu à des gens bien formés, ce qui est problématique quand on considère dans quel état de précarité sont bien des pays du tiers monde. L’hémorragie qu’engendre le départ de ces personnes qualifiées risque encore d’accentuer la misère. Nous nous trouvons confrontés à un phénomène de vases-communicants. Des pays de plus en plus pauvres ne seront pas les clients de demain. Pour le champion de l’exportation, un casse-tête !

pm

http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/01/13/l-economie-allemande-dopee-par-l-arrivee-des-refugies-en-2015-et-2016_5062183_3234.html

Pierre Mathias

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