Le président a jeté l’éponge. Il ne pouvait pas faire autrement vu les sondages négatifs et le refus affiché au sein de son propre parti. Je ne sais pas quelle mouche l’a piqué lorsque dans le livre écrit pas deux journalistes du Monde, il a bafoué ses plus fidèles collaborateurs comme Jean-Marc Ayrault par exemple. C’était infâme et ressemblait à un règlement de comptes d’un homme en train de sombrer. Pourquoi un tel manque de dignité ? Était-ce une forme de suicide de sa part ? De la grogne de ne pas trouver l’adhésion nécessaire auprès de ses proches ? Ces interviews ont causé au PS un tort considérable. Maintenant il ne reste plus rien d’autre à faire que de réduire la casse. Il est illusoire de croire qu’une femme ou un homme providence puisse inverser la vapeur. La seule chose du domaine du possible est de se rassembler afin d’éviter une débâcle sanglante. Manuel Valls se croit préposé à jouer le rôle d’un timonier dans la tempête. Pour l’instant je ne sais pas comment il se conduira en tant que leader. Comme premier-ministre, qu’on le veuille ou non, il était à la traîne du Château. Toutes décisions étaient prises avant tout par son locataire, comme la constitution le veut. Pour se rendre compte de l’autonomie d’un chef de gouvernement, il serait bon de jeter un regard en arrière, lorsque François Fillon occupait ce poste. Il devait à ses dépends jouer le rôle d’un chien couché. Nicolas Sarkozy le considérait comme un larbin qui avait à se plier à ses ordres. Vu sous cet angle ce job est redoutable car il confère à son détenteur pour ainsi dire aucune marge de manœuvre. C’est maintenant que les candidats de la primaire à gauche pourront se profiler, montrer leurs compétences de chef d’État. Et la gauche dans tout cela ? Il serait grand temps qu’elle se redéfinisse et fasse tout d’abord un bilan avant d’esquisser une stratégie.

Afin de ne pas faire naître des doutes, je suis un homme plein d’idéalisme. Pour moi les valeurs humanitaires de la gauche ne sont pas des mots jetés en l’air. Je souhaiterais ardemment que la société devienne plus juste, plus équitable et fraternelle. Mais dans le contexte actuel il faut limiter au mieux les dégâts, faire barrage à l’extrême-droite. C’est la raison pour laquelle je voudrais apporter mon soutien à celle ou à celui qui peut au mieux colmater les brèches. Il s’agira de rassembler le plus largement possible. Avec des dogmes, qu’ils soient de droite ou de gauche, cela ne sera pas possible. Sans étouffer les responsabilités sociales envers les plus fragiles et démunis, il faudra bien donner à l’économie l’outil adéquat pour sortir de l’ornière. Sans sacrifices cela ne sera guère possible, mais ils devront être générateurs d’un avenir meilleur. Ni avec le radicalisme de Marine Le Pen qui amènerait la nation toute entière au bord du gouffre, ni avec le néolibéralisme impitoyable que voudrait imposer François Fillon, les besoins vitaux du peuple pourront être exhaussés. Il faudra beaucoup de sensibilité et de doigté afin d’assurer un équilibre à la France. Qu’il soit bien clair, j’appelle de tous mes vœux des réformes courageuses, mais elle ne pourront pas être réalisées sans l’appui du peuple. Sans cœur et d’empathie il ne pourra pas avoir d’avenir ! Qu’on se le dise !

pm

http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2017/article/2016/12/01/francois-hollande-s-exprimera-a-20-heures-en-direct-depuis-l-elysee_5041785_4854003.html

Pierre Mathias

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