Lorsque j’ai lu le message courroucé d’une personne scandalisée par le fait que les politiciens puissent s’attaquer à Donald Trump, j’ai eu d’abord un sentiment de malaise. Elle prétendait qu’il était temps que les médias et les responsables opposés au nouveau président, se conduisent enfin en vrai démocrate. Elle alla un pas plus loin en approuvant complètement la démarche de Viktor Orbán en Hongrie. Pour moi il ne fait aucun doute que cette correspondante appartient à un certain courant d’idées. Bien entendu je suis obligé en tant que démocrate d’accepter l’élection de Monsieur Trump, par contre sauter de joie n’est pas dans mes intentions, au contraire. Ce que la clientèle du FN semble oublier, c’est qu’il est tout à fait inadmissible de prôner l’exclusion, d’être raciste, de promouvoir de la haine. On peut tout à fait avoir des idées de droite, mais à condition de respecter autrui. Lors de sa campagne électorale Donald Trump ne l’a pas fait et c’est ceci en particuliers qui est critiquable. Maintenant qu’il a gagné, il se roule dans la farine et veut passer plus ou moins pour un libéral. Attention, ne vous laissez pas prendre à cette mascarade. Bien sûr il faut lui laisser la possibilité de s’exprimer, d’entrer en dialogue avec nous Européens. Il n’est en aucun cas prévu de l’écarter d’office. Mais après de multiples voltes-faces depuis mardi dernier un sentiment d’incertitude prend le dessus. Les chefs d’État craignent devoir sauter dans le vide, car ils ne savent pas à quel saint se vouer. Que ce soit l’accord sur le réchauffement climatique, de l’OTAN et son avenir ou des rapports avec la Russie, tout reste dans le vague. Aussi son attitude avec l’ONU. Mais il y a plus. Je veux parler de l’économie qui dans le monde entier n’est plus axée sur l’isolationnisme. Si le nouveau locataire de la Maison Blanche ne modifiait pas sa politique rigoureuse dans ce domaine si frileux, nous courrions tous dans le vide. J’en ai déjà parlé.

En ce qui concerne Facebook que j’avais quitté il y a quelques années, je me suis dit que la situation actuelle ne me permettait pas d’être silencieux, que je devais tout tenter pour m’opposer au populisme, qui risque de faire des ravages en France et ailleurs. C’est la raison pour laquelle je suis à nouveau présent. Je peux exprimer ma frustration, mais cela ne sert pas à grand chose. J’aimerais déclencher un mouvement citoyen de personnes étant prêtes à défendre les valeurs démocratiques du siècle des lumières. Mais je suis forcé de m’apercevoir que le langage de la haine, comme l’a pratiqué Donald Trump attire tout simplement plus d’intérêt, d’où mon désarroi. Que dire, que déclarer haut et fort ? Revenir sur les bienfaits de la paix semble butter sur du granit. Où est resté planté l’humanisme? Si je le savais. Je crains que la démocratie, comme nous la connaissons, a fait son temps, si nous ne la réinventons pas. La campagne d’Hillary Clinton a irrémédiablement démontré, que les vieux clichés sont devenus obsolètes. Une constatation plus aisée à démontrer que de prévoir ce qu’il y a lieu de faire. Une chose est évidente : pour qu’elle puisse fonctionner il faut avoir de la raison et ne pas simplement faire parler son ventre. Pour beaucoup cela devient de plus en plus périlleux.

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/11/14/face-a-donald-trump-les-europeens-redoutent-le-saut-dans-l-inconnu_5030593_3214.html

Pierre Mathias

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