Brunhilde Pomsel, une des secrétaires de Joseph Goebells, a donné à près de 105 ans une interview au sujet de son ancien chef. Elle le décrit comme étant prévenant, fin et sensible. Mais elle ne nie pas son autre aspect, celui d’une bête sauvage prête à déchiqueter ses victimes. Deux personnalités bien distinctes habitent en lui : celle du monstre et celle du gentleman. Tout cela est bien déconcertant et montre à quel point les êtres humains sont schizophrènes. Adolf Hitler est quant à lui décrit comme étant particulièrement aimable envers les dames qui travaillaient dans son entourage. Cela ne l’a pas empêché d’être un des personnages les plus atroces de tous les temps. Cette dualité dans la nature humaine ne peut pas être stoppée par une bonne éducation ou par un milieu cultivé comme cela a été le cas chez Heinrich Himmler. Il est issu d’une famille d’intellectuels. Son père était le tuteur du descendant de la famille royale de Bavière et était directeur d’un lycée d’une très bonne réputation. Un milieu emprunt de culture et de bienséance. Qu’est-il devenu ? Un être plus ou moins désaxé qui était à la tête de l’outil dévastateur du régime nazi. Bien que les déclarations de Brunhilde Pomsel sont intéressantes afin de capter encore plus précisément le caractère de Goebbels, je les ressens d’une manière désagréable. Bien sûr, l’aspect contradictoire d’un individu m’intéresse toujours, mais je trouverais mal à propos d’y voir une manière quelconque de le disculper. N’oublions pas que cet être abject a été à l’origine de l’autodafé des livres n’entrant pas dans l’idéologie nazie. Cet être « si cultivé » s’est conduit comme un barbare. Lorsqu’on brûle des œuvres, on peut aussi le faire pour les hommes. C’est ce qui s’est passé dans les camps de concentration.

Madame Pomsel n’a été que le témoin d’une partie des actions de ce personnage. Elle a sûrement dû écrire des manifestes odieux, mais je ne pense pas qu’elle en est mesurée la teneur, tout au moins à l’époque. Ce serait néanmoins injuste de faire son procès. Pour toutes secrétaires de son époque, c’était un honneur de travailler pour la crème de la crème du pouvoir. Elle a eu son poste, aussi à cause de son appartenance au parti. Comme membre de la NSDAP elle jouissait du pedigree nécessaire pour occuper une telle fonction. Il est plus que probable qu’elle ne se rendait pas compte de ce qui se passait vraiment. Tout au moins c’est mon impression. Il est indéniable que Joseph Goebbels a été l’artisan du nazisme comme nous le connaissons. Il a donné à Hitler les moyens de manipuler tout un peuple, de lui faire croire que le dictateur était un messie. C’est lui qui dès 1943 a poussé les Allemands à se sacrifier pour Hitler. Lorsqu’il a déclaré que seule la guerre totale pouvait être rédemptrice, il a menti une nouvelle fois. Je le considère comme étant celui qui a plus ou moins inventé tout le système de répression, qui a, sans signer des arrêts de morts, assassiné intellectuellement des millions d’innocents. C’est la raison pour laquelle je ne veux pas être entraîné dans un analyse qui pourrait minimiser son attitude. Il reste pour moi un criminel! Je ne veux pas être tenté de lui accorder des circonstances atténuantes.

pm

http://www.lemonde.fr/big-browser/article/2016/08/17/soixante-dix-ans-apres-la-fin-de-la-guerre-l-ex-secretaire-de-goebbels-parle_4984113_4832693.html

Pierre Mathias

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