Philando Castile a été abattu par un policier blanc devant sa compagne et sa fille à Falcon Heights, dans le Minnesota lors d’un contrôle routier. Presque parallèlement à ce drame, un autre noir, Alton Sterling, a été abattu par des agents lorsque ces derniers l’avaient plaqué à terre en Louisiane. Des exécutions sommaires qui ravivent le racisme au États-Unis. Barak Obama a beau dire que c’est un problème américain, qui ne connaît pas de barrières ethniques, mais 31% des victimes sont des noirs. Un taux bien plus élevé que celui de la population afro-américaine qui se situe autour de 13,6%. Vouloir minimiser ces faits, ne peut rien arranger. La société est profondément divisée. Des diatribes comme celles de Donald Trump ne contribuent pas à l’apaisement, au contraire. L’observateur que je suis a l’amer sentiment que nous revenons aux tensions existantes au cours des années 40 et 50. Après la fin de la seconde guerre mondiale un McCarthy sévissait en propageant la haine. Il s’agirait de faire attention, afin que ces incidents sanglants ne dégénèrent pas dans une guerre civile. Comment expliquer ce regain de violence ? La majorité blanche craint perdre un jour sa suprématie politique et économique. La courbe démographique est claire, elle passera au-dessous des 50% au cours de ce siècle. Ces chiffres provoquent chez certains de la peur. Chez ceux qui considèrent que les noirs sont à l’origine de la criminalité excessive dans les métropoles américaines. Le fait de les assimiler à des délinquants, sans exceptions, ont amené certains policiers à agir comme des justiciers. Souvent des blancs issus de la petite bourgeoisie, qui craignent pour leur avenir et celui de leurs enfants. Dans une nation où le populisme est en augmentation, ce sont des signes avant-coureurs d’une détérioration des rapports inter-culturels.
Les politiciens, de toutes origines, devraient tout faire pour apaiser les esprits. Mais ce n’est guère possible lorsqu’on observe le style de la campagne présidentielle, où le mépris a pris une place de plus en plus importante, où l’injure remplace la raison et la pondération. Puis il y a les lois permettant le port des armes à tous les niveaux de la population. Une incitation à l’auto-justice et de tous ses effets pervers. Il y a de quoi être inquiet. Il est probable que ces questions monopoliseront la campagne électorale. Est-ce le fossé existant entre noirs et blancs qui est la cause de ces méfaits ? Probablement mais pas seulement. La crise économique de 2008 a démontré que la population blanche est aussi concernée par la régression qui a eu lieu ces dernières années. Grand nombre de familles aux revenus modestes, se sont vues au chômage. La couleur de la peau ne leur a pas servi. La précarité sévit dans ces couches et ceci malgré la croissance. Ce sont les riches qui en profitent en premier lieu. Bernie Sanders, l’adversaire de Hillary Clinton, n’a pas sans raison placé ce problème au centre de son programme. Sans un système social juste et efficace, le nombre des morts augmentera. Il ne sert à rien de ne montrer que de la compassion, il faut agir au plus vite et ceci au niveau des communes. Sans un changement radical de la situation, il pourrait y avoir implosion.
pm