Au lieu de se creuser les méninges au sujet de sa pérennité, le couple franco-allemand ferait mieux d’agir en ce qui concerne l’UE. La prudence d’Angela Merkel est certes compréhensible, mais je soutiendrais plus volontiers ce que la gauche démocratique européenne préconise : une rénovation complète du modèle européen. Le coup de semonce venant de Grand-Bretagne devrait nous faire réfléchir. Quelle est la raison du rejet de l’UE par une majorité de citoyens ? Jean-Claude Junker a raison lorsqu’il émet la crainte que le virus anti-bruxellois pourrait s’étendre à d’autres États-membres. Je suis persuadé que si la question était posée ailleurs, nous aurions des résultats similaires à ceux de l’Angleterre. L’UE n’a pas réussi à atteindre les individus en ce qui concerne son acceptation. Elle est considérée comme une administration rigide qui n’a qu’un but : apporter son soutien aux lobbys financiers et économiques. L’aspect social a été négligé d’une manière inacceptable. Le manque d’empathie par rapport aux plus démunis est flagrant. Les jeunes gens en Espagne, Grèce ou ailleurs autour du périple méditerranéen peuvent en témoigner. Tous ceux qui sont au chômage ou craigne pour leur avenir, se sentent abandonnés. Il est urgent, quoiqu’en pense la chancelière, de corriger cela. Il en est de même du déroulement démocratique au sein de l’UE. Les gens ont le sentiment que les décisions sont prises sans qu’aucun contrôle ait lieu. Le sauvetage de l’Euro en est la preuve. Les groupes de travail n’hésitent pas à agir sans avoir l’aval du parlement européen. Tout au moins c’est ce que je ressens. À force de vouloir rendre efficace un appareil à première vue rigide, le contrôle démocratique a été laissé de côté. C’est dire que les corrections sont indispensables, qu’elles ne soient repoussées aux calendes grecques. Il faudrait qu’un message clair se dégage au plus vite. Tout attentisme serait un argument de plus apporté aux populistes, qui n’ont qu’une idée en tête : détruire au plus vite l’Union. Les politiciens me donnent l’impression d’être abasourdis. Il est néanmoins bon qu’ils réclament au plus vite la sortie de la Grand-Bretagne de la famille communautaire. Il serait bon que le divorce se réalise bientôt. Tant que cela ne sera pas fait, il est probable que rien ne bougera.

Mais là aussi il y a paralyse. Le traité prévoit qu’en cas de sortie, seul le gouvernement du pays en question a le droit d’agir. Cela revient à dire que David Cameron peut nous faire attendre jusqu’en octobre, si cela lui convient. Il est clair que si tout reste figé jusque là, cela freinera toutes réformes. Si le premier ministre le veut, il peut nous faire chanter à sa guise. Une fois qu’elles démarrent, les négociations pourront s’étendre probablement sur deux ans. C’est ce qui se passe aussi chez les couples qui ne se séparent pas à l’amiable. Cela laisse évidemment la place libre, à des propos qui ne peuvent que rendre plus ardus la séparation. Réveillez-vous ! Ne creusez pas un fossé encore plus profond entre l’UE et les peuples qui la composent. Sans vouloir faire de l’activisme, il faut prendre des décisions et ceci rapidement. Ce serait mon appel aux dirigeants européens. Mais mon impression prévaut qu’ils sont en état de choc, ce qui ne facilite pas les choses.

pm

http://allemagne.blog.lemonde.fr/2016/06/25/merkel-acte-la-fin-du-couple-franco-allemand/

Pierre Mathias

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