Aura-t-il fallu cet immonde meurtre, pour qu’une majorité d’Anglais reviennent à la raison ? Pour Jo Cox un tel sacrifice devrait aboutir à un refus de voter pour le brexit. Je me sens mal à l’aise devant une telle constatation, qui démontrerait qu’un martyre peut faire bouger notre société. Faut-il que le sang coule afin que les gens ouvrent les yeux ? Probablement, mais quel aveu d’impuissance de notre part ! Ne suffirait-il pas de faire travailler ses méninges ? Malheureusement cela ne semble pas être le cas. Je n’ai aucun scrupule d’aborder aujourd’hui le même thème que hier. Cette agression sur une jeune mère de famille me bouleverse. Son mari fait bien comprendre aux électeurs, que le fait de refuser le brexit serait un message fort en faveur de son épouse. Ce serait un acte de reconnaissance envers sa pensée politique qui s’oppose à toutes formes d’exclusions. Il est prouvé que ce sont des paroles racistes et populistes qui dominent la campagne. Le patriotisme ne joue pas le premier violon. Une fois de plus la politique migratoire se trouve au centre des récriminations. Jo Cox ne voulait pas que son pays s’isole, vire à l’extrême-droite. Ce serait une des conséquences d’un départ. Aussi l’altération des revenus. Elle qui est née dans un milieu populaire peut très bien s’imaginer ce qui peut se passer dans ces ménages. Les travailleurs et les petits employés seraient les premières victimes. Comme FMI l’a fait remarquer, le brexit provoquerait probablement une crise économique. Une réalité, que les partisans de la rupture avec l’UE nient évidemment. En tant que travailliste, Jo Cox ne pouvait pas faire autrement que d‘œuvrer pour le bon sens. Même si ce n’était pas en premier lieu le brexit qui se trouve à la base du meurtre, il est impossible aujourd’hui de dissocier l’opinion politique de la victime avec ce drame, d’autant plus que l’assassin doit avoir des liens avec l’internationale des néonazis. La police a trouvé chez lui des indices allant dans son sens. Cela reviendrait à dire que le camp des fanatiques idéologiques instrumente la campagne.

Cela signifierait que la démocratie en prendrait pour son compte. La haine est en train de diviser le peuple anglais. J’ose espérer qu’une majorité d’électeurs s’y opposera. Le seul moyen pour eux est d’apporter son refus à l’exode prévu en cas de victoire. En tant qu’européenne convaincue la députée a bien fait comprendre à ses compatriotes, que le brexit ne s’opposait pas seulement à Bruxelles, mais pouvait être un dénominateur commun pour la prise de pouvoir d’une frange populiste. Ce serait une catastrophe pour la plus vielle démocratie du monde. Il est pénible de voir à quel point ce virus atteint les peuples. S’ils croient que le populisme pourra leur apporter la rédemption, ils font fausse route. Et si le Royaume-Uni croyait qu’il pourrait continuer à jouir des bienfaits de l’UE, sans pour autant faire d’efforts en sa direction. Non, ce pays pourrait être à partir de jeudi l’étranger. Il devrait être traité en conséquence. C’est justement de cela qu’il était question dans les arguments de Jo Cox. À ses yeux ce ne serait pas seulement un dérapage, bien plus une chute dans l’abîme. Je pense que si sa mort peut contribuer à ouvrir les yeux de ses compatriotes, elle n’aurait pas été vaine !

pm

http://www.liberation.fr/planete/2016/06/17/apres-le-meurtre-de-jo-cox-une-campagne-bouleversee_1460346

Pierre Mathias

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