Une convention a été signée au cours de la réunion annuelle de l’Association des maires de France qui a eu lieu hier. Il y est stipulé que les élus émettent le désir, d’être mieux informés au sujet des éléments radicaux qui pourraient vivre dans leurs agglomérations. Ils vont même un pas plus loin en réclamant d’être associés dans la lutte antiterroriste. Qui mieux qu’eux pourraient être efficaces en ce qui concerne « le terrain » ? Cela voudrait dire que ce ne serait plus la police et les services secrets qui auraient le monopole de l’investigation dans ce domaine très explosif. En pensant logiquement, cette revendication peut sembler logique. Mais en creusant un peu plus, je me sens mal à l’aise. Ce serait une porte ouverte à des conflits, qui pourraient envenimer l’atmosphère déjà très tendue dans bien des cités. Il serait alors plus facile de pratiquer la délation, d’accuser des personnes de manière arbitraire. La neutralité qui doit être de mise lorsqu’il s’agit de répression, ne pourrait plus être maintenue. Le maire ne pourrait plus jouer le rôle de médiateur, ce qui est primordial en ce qui concerne le quotidien. En plus, l’état de confiance qui devrait régner entre la municipalité et la population en prendrait pour son grade. C’est la raison pour laquelle je m’attaque à cette initiative. Je pense que le rôle du conseil municipal est d’améliorer les conditions sociales et de veiller à plus de solidarité. On ne peut pas être flic et moniteur à la fois ! Les forces de l’ordre sont bien moins soumises à des règles de bon voisinage. Elles se concentrent avant tout sur les faits et n’ont pas le soucis de se ménager.

La séparation des pouvoirs doit être respectée afin de laisser le chemin libre aux initiatives prises dans l’intérêt des habitants. Un maire doit être accessible pour tous. C’est une femme ou un homme de confiance à qui on peut s’adresser à tous moments. Ce dialogue doit être maintenu quoiqu’il arrive. Si par contre un doute subsiste, il y aurait un malaise insupportable qui réduirait au stricte minimum le franc-parlé. Cela ne veut pas dire que l’administration locale doit fermer les yeux, lorsque des agissements pouvant mettre en danger la nation toute entière se déroulent sur le territoire de la commune. Dans un tel cas il faut désamorcer la bombe, non pas jeter de l’huile sur le feu. Cela implique des rapports de confiance, tout au moins avec la majorité des citoyens. Et ceux-ci sont délicats lorsqu’il s’agit de l’islam. Les attentats n’ont pas amélioré l’ambiance, au contraire. La méfiance est plus élevée que jamais, même chez des modérés. C’est en ayant accès aux familles que du bon travail peut être fait. Les élus doivent être accueillis en amis, non en adversaires. C’est dans les cellules parentales qu’il faut intervenir pour apporter de l’aide, non pas pour condamner qui que ce soit. Il est évident que si un maire fait du bon travail, il glanera des informations que la police probablement n’aura pas. Même si cela peut paraître absurde, je serais un adepte du secret professionnel, tant qu’il n’y a pas une menace incessante. Si cela était le cas, il ne resterait rien d’autre à faire que faire circuler l’information. Mais cela devrait être le dernier recourt. Ce n’est pas du ressort du maire d’être un shérif. Si nous voulons renforcer la démocratie il ne faut pas faire d’amalgames. C’est ce que je revendique !

pm

http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/06/01/les-maires-cherchent-leur-place-dans-la-lutte-contre-la-radicalisation_4930646_3224.html

Pierre Mathias

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