Emmanuel Macron veut avoir le profil d’un rassembleur. Avec son nouveau mouvement « En marche ! », qui devrait tout aussi bien recruter des camarades socialistes et des membres du centre bourgeois, il désire avant tout se profiler. C’est un avis personnel que j’émets là. Le patron du Medef, Pierre Gattaz, s’est empressé de saluer cette initiative ainsi que l’ancien premier-ministre Jean-Pierre Raffarin. Ce n’est pas le premier essai d’attirer dans son giron tous ceux qui sont plus ou moins dégoûtés par la politique politicienne. Il y a de quoi, mais il serait illusoire de croire, que par de tels artifices le système soit réformable. Cela me rappelle la démarche de Valérie Giscard-d’Estaing lorsqu’il a réussi le temps d’une investiture à regrouper un grand nombre de modérés. Les réformes qu’il a voulu mettre en place, ne changèrent en aucune manière la société française. L’électorat l’avait bien compris et hissa ensuite à la présidence François Mitterrand. Son programme avait avant tout le mérite d’être clair. Ce n’était pas du flou, des paroles bien intentionnées qui ne peuvent qu’aboutir dans le néant. Je crains qu’Emmanuel Macron soit otage d’une utopie en croyant ratisser large. Vouloir plaire à tout le monde n’est pas forcément une garantie de succès. Je trouverais bien plus opportun, dans la situation déplorable que nous vivons, de redéfinir la gauche. De revoir notre copie sans à priori, d’être honnête et de reconnaître les erreurs faites. Il est malheureusement évident que la mayonnaise ne prend plus. Ce n’est pas un phénomène typiquement national. Le SPD est en ce moment plus ou moins en chute libre. Nombre d’électeurs traditionnellement de gauche, rejoignent l’AfD, comme c’est le cas chez nous avec le FN.
Le populisme démontre d’une manière éclatante qu’il est un attrape-nigauds. Ce n’est pas Emmanuel Macron qui arrêtera cette hémorragie. Soyons honnêtes, avec Alain Juppé, le centre serait bien loti. Je ne vois pas ce que le ministre de l’économie pourrait faire de bien différent. Mais il serait trop aisé de le fustiger. Je vois bien plus le problème chez les responsables du PS et dans la hiérarchie gouvernementale. À force de vouloir régler d’une manière plus ou moins bancale les affaires quotidiennes, ils ont perdu le Nord ! Avec des compromis plus ou moins boiteux, ils essaient de ne pas se laisser submerger par la vague de rejet qu’ils connaissent depuis le début du mandat présidentiel. L’initiative d’Emmanuel Macron vient s’ajouter à ce sauve-qui-peut ! Il est la démonstration éclatante du désarroi dans laquelle la gauche est plongée. Ce n’est pas en faisant du clientélisme, que nous pourrons assurer un avenir meilleur aux Français. Comme les enfants qui ont un besoin d’un langage clair, le citoyen se sent mal à son aise dans une nébuleuse. Aussi désolant que cela puisse être, je préférerais que Monsieur Macron prenne ses valises et rejoigne le centre. Cela aurait l’avantage d’être plus clair. Ne nous faisons pas d’illusions, le PS subira une sacrée raclée en 2017. Ce serait peut-être une occasion de se redéfinir au lieu de vouloir colmater partout des brèches. « En marche! » aurait eu plus de sens au sein de la gauche, non pas dans le néant !
pm