L’Allemagne, qui a été jusqu’à présent relativement préservée d’une infection droitière, a été frappée en plein fouet. L’AfD a réussi d’un seul coup de rafler entre 12,6% et 24,2% des voix dans les trois Länder qui élisaient hier leurs parlements régionaux. Dans deux cas l’extrême-droite a devancé le SPD. La CDU, quant à elle, a laissé partout des plumes avant tout au Bade-Wurtemberg où les verts les ont été largement dépassés. Mais aussi en Rhénanie-Palatinat la candidate social-démocrate a battu la tête de liste du CDU, qui croyait dure comme fer arriver en tête. Ce qui s’est passé hier a ébranlé la République Fédérale et peut être considéré comme une défaite cuisante de la coalition de Berlin. Il serait temps de se ressaisir et de combattre sans équivoques la vague brune qui est en train d’infester l’atmosphère. J’attends des partis traditionnels qu’ils reprennent du poil de la bête. Il serait vain de se lamenter. Il faut au contraire lutter contre les thèses racistes et restrictives envers les femmes, les homosexuels, les libres-penseurs et revoir de fond en comble sa copie. Ce n’est pas seulement la question épineuse des migrants qui est la cause de ce désastre. Bien plus la valse-hésitation idéologique qui anime les grands partis. Ils arrivent mal à se démarquer l’un de l’autre. C’est aussi un appel à se poser des questions sur la pérennité de certaines thèses qui datent du 19ème siècle. Le mouvement ouvrier, par exemple, a évolué. Ceux qui en font aujourd’hui partie, ont pour beaucoup d’entre-eux le réflexe de voter populiste, espérant ainsi se faire mieux entendre. Qu’ils se sont laissés prendre par une propagande mensongère est une évidence. Mais allez les convaincre de faire machine-arrière. Ils ne le feront pas tant qu’ils ne ressentiront pas à leurs propres dépends dans quel piège maléfique ils se sont engagés. Le réveil risque d’être douloureux, car ce sera trop tard.

Nous nous trouvons-là dans une logique national-socialiste, qui d’un côté donne l’illusion de contribuer au bien-être social, de l’autre dans un mouvement identitaire, celui de faire croire aux plus fragiles, qu’ils sont de de par leur race supérieurs. L’AfD se sert sans états d’âme de la recette nazie, tout en prétendant se trouver à des années-lumières de ce qui a plongé l’Allemagne dans le sang. L’impression prévaut que l’histoire pourrait se répéter. Ce ne sera évidemment pas le cas, mais le malaise est programmé. Pour Madame Merkel cette situation est des plus précaires, d’autant plus que le SPD a subi dans deux Länder une défaite des plus cuisantes. Sigmar Gabriel a reçu du plomb dans l’aile. Je doute fort qu’il pourra rester longtemps à la tête du parti. Mais lui imputer à lui seul cette terrible défaite, serait injuste. Il serait temps que la gauche se redéfinisse et ne louche pas constamment du côté des plus nantis. Sans pour autant retourner à des valeurs, qui aujourd’hui paraissent être obsolètes, elle devrait redéfinir « sa clientèle ». De laisser l’extrême-droite agir à sa guise, serait un suicide collectif. Il faut ramener au bercail les brebis égarées en leur donnant enfin l’impression qu’on défend leurs intérêts. Est-ce la cas aujourd’hui ? Je ne le pense pas. Cette vague populiste n’est pas le fruit du hasard. C’est une vague-de-fond !!!

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/03/13/en-allemagne-l-extreme-droite-inflige-une-defaite-sans-precedent-a-angela-merkel_4882064_3214.html

Pierre Mathias

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