On a trouvé il y a peu un cadavre d’un loup aux abords de l’aéroport de Schönefeld, situé tout juste en dehors de Berlin. Jamais un animal de cette espèce s’était aventuré aussi près des habitats. Normalement il se cache dans les forêts et disparaît à la moindre alerte. D’après les spécialistes il y aurait dans le Brandebourg plus d’une centaine de loups. Tendance montante ! En lisant cet article, je me suis dis que la situation pour Angela Merkel n’était pas différente. Son allié du Sud, Horst Seehofer du CSU bavarois ,continue à lui faire des misères. Il prétend que c’est elle qui est responsable du désastre électoral qu’ont subi les chrétiens-démocrates, qu’elle change le plus rapidement de cap, sinon… Pour ma part je dirais que ce leader porte aussi une certaine responsabilité de ce qui s’est passé dimanche, où l’AfD a glané des milliers de voix et est devenu en une nuit le troisième parti du pays. En fustigeant constamment la Chancelière, il a apporté de l’eau au moulin de tous les opposants de la migration et attisé le racisme. Ses deux rencontres avec Viktor Órban, aux commandes de la Hongrie, ont été des coups de poignard contre Madame Merkel, chef d’un gouvernement où son parti est présent. Non, il n’a pas été loyal et les électeurs louchant à l’extrême-droite ont parfaitement compris son message. Il a rendu légitime l’AfD, d’autant plus que le CSU n’existe que dans son land. Lorsque il donne des interviews, Horst Seehofer ne manque pas de déclarer que la politique du nouveau parti d’extrême-droite l’offusque, qu’il voudrait le voir quitter l’échiquier national. Cela est sûrement vrai, mais à condition que sa formation puisse prendre sa place.

Logiquement cela voudrait dire que son parti quitte son fief et se présente partout en Allemagne. C’est une possibilité, mais elle provoquerait un divorce avec le CDU, qui lui aussi s’établirait en Bavière. Je ne sais pas si ce vénérable monsieur remplit bien le rôle du loup ? Il sait qu’il joue avec le feu et qu’il pourrait bien être taxé, comme von Pappen en 1933, comme étant un faiseur de nazis. Une fois de plus une frange de la droite démocratique se compromet de la sorte, car elle craint de perdre le pouvoir. Ce n’est pas si différent que les dérives d’un Nicolas Sarkozy, qui n’hésite pas de lâcher des phrases assassines du genre de celles qu’affectionnent le FN. S’il croit rallier ainsi des électeurs qui votent aujourd’hui Marine Le Pen, il se trompe. Ce n’est pas en faisant du clientélisme que le pays changera. De même en République Fédérale. Et la Chancelière ? Elle a été très claire: il n’est pour elle pas question de changer quoi que ce soit à sa politique migratoire. Elle est soutenue par le SPD de Sigmar Gabriel, qui a dit au cours d’une interview télévisée, qu’aucun résultat électoral lui ferait abandonner ses convictions éthiques. Je suis du même avis ! Pour eux ce n’est qu’au niveau de l’Europe, qu’il sera possible d’enrayer le flux des réfugiés venant avant tout de Syrie. L’histoire a démontré où l’opportunisme a mené. À la prise de pouvoir d’Adolf Hitler. Le CSU ferait bien de se référer au passé et régler ses différents avec le parti-frère en toute discrétion. Il devrait suivre en cela l’exemple du loup, qui se tient en retrait pour survivre.

pm

http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/03/14/le-loup-est-aux-portes-de-berlin_4882541_3244.htm

Pierre Mathias

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