On ne peut que saluer le courage de Jean-Marc Ayrault après la déclaration plus ou moins avenue de Manuel Valls à la Wehrkunde de Munich. Il est clair que ce dernier ne connaît rien à l’Allemagne. Avant de proférer de telles critiques il devrait jeter un regard en arrière. Madame Merkel prend parfaitement conscience de la dimension historique d’un pays, qui a l’obligation d’agir sans préjugés. Malgré les attaques qu’elle subit, elle garde la tête haute. Les derniers sondages semble prouver que son message a été parfaitement compris par une majorité de la population. Tous socialistes devraient l’approuver. Malheureusement ce n’est pas toujours le cas. Une telle interview à la chaîne I-Télé de la part de Jean-Marc Ayrault est la seule réponse à apporter aux revanchards, aux populistes, aux hommes et aux femmes appartenant à un passé révolu. C’est du rang de son propre parti que la chancelière connaît le plus de résistance. Si sa personne est respectée, le CDU connaîtra probablement de graves revers lors des trois élections régionales qui auront lieu dimanche en Allemagne. La valse-hésitation en ce qui concerne la maîtrise de l’immigration a réveillé de vieux ressentiments, comme celui du racisme et de l’exclusion. Le nouveau parti d’extrême-droite est crédité d’un fort pourcentage de voix dans les derniers sondages. Comme c’est le cas des populistes un peu partout dans le monde, son langage se veut musclé. Le pire est le fait qu’il attaque des personnes fragilisées et qu’il ne tient aucun compte de la situation tragique dans laquelle ils vivent. Une politique bafouant toute dignité.
Je trouve assurant que dans une telle tourmente Angela Merkel reste campée sur ses positions et n’accepte que peu de compromis. Ce n’est pas une position commune en politique et il est bon de le faire savoir, comme l’a fait le ministre des affaires étrangères. Non, ce n’est pas un couac au sein du gouvernement, c’est bien plus un appel à ses membres de ne pas perdre de vue l’éthique qui devrait leur servir de référence. Ce n’est pas dans un climat de haine qu’on résoudra des problèmes fondamentaux. Il est évident que dans un pays comme la France, qui a accueilli des millions d’immigrés par le passé, qu’un apport égal à l’Allemagne en ce qui concerne les réfugiés déséquilibrerait encore plus le pays que ce n’est le cas à l’heure actuelle. L’exemple a montré à quel point il était difficile d’intégrer des familles vivant dans un monde totalement étranger. Comme nous le savons malheureusement le chemin à faire est encore considérable. C’est la raison pourquoi il ne serait pas fair-play de vouloir comparer les deux démarches. La République Fédérale a une autre configuration. Elle vit dans un boom économique, a un taux de chômage faible. Vient s’ajouter à tout cela la démographie qui y est en chute libre. Si l’Allemagne veut garder son standing actuel, l’immigration est un must pour le maintien de la prospérité. Le gouvernement le sait et a agi en partie dans cette perspective. Cela n’amoindrit pas pour autant l’attitude courageuse de Madame Merkel. Elle redonne à la politique ses lettres de noblesse. La preuve que les convictions intimes ne doivent pas être sacrifiées au nom du pragmatisme.
pm