Des milliers de manifestants iront dans la rue pour protester contre la loi du travail. Myriam El Khomri n’a pas réussi à convaincre les syndicats, car son projet va que dans un sens, celui d’une détérioration des conditions de l’emploi. Il est certain pour ma part, que bien des articles sont dictés par une situation tendue en ce qui concerne l’économie, qu’il serait impératif de cracher dans ses mains et de se mettre au travail. Mais ce qui est bancal dans tout cela, c’est le fait que le gouvernement y est allé une fois de plus à petits pas. Pour convaincre les salariés à faire des sacrifices, il faut qu’ils s’identifient à leur entreprise. Ils ne peuvent pas le faire tant qu’on les considère comme des êtres devant fonctionner sans prendre de responsabilités. Tant qu’ils seront considérés comme des moujiks, on ne pourra pas s’attendre à des miracles. Le maître-mot serait la participation. Une redistribution effectives des bénéfices ainsi que le partage des pertes. Cela implique un pouvoir de décision en ce qui concerne le management. Une attitude du style des maîtres-des-forges, comme il est encore souvent de mise, n’encourage en aucune manière le dialogue, au contraire. La ministre du travail ne connaîtrait pas ses revers, si elle avait mis en route une telle option. Lorsqu’on est soi-même responsable, on est prêt à faire des sacrifices, pas dans les conditions actuelles.

Gerhard Schröder, lorsqu’il a imposé l’agenda 2010 pour relancer la marche des affaires, était conscient qu’on le suivrait – en grinçant des dents ! – car les conditions évoquées étaient remplies. Vous me direz qu’il a perdu les élections à cause de cela. Oui, mais la loi n’a pas été renvoyée au calendes grecques pour autant. Mais il y a aussi les règles du marchés. Sans une relance effective, il ne peut pas y avoir de réformes. La perte d’emplois est programmée. Le deuxième volet de l’agenda 2010 part du principe qu’il fallait en tous les cas redonner du tonus aux entreprises et ceci par tous les moyens. Les travailleurs le savaient bien et ont été prêts à faire des sacrifices bien plus importants que c’est le cas actuellement en France. En ne créant pas de nouveaux emplois, tout le système social menaçait de s’écrouler. Il était alors impératif de tout mettre en route afin de donner de l’oxygène aux industriels et aux employeurs dans le tertiaire. Seule la concurrence pouvait alors réduire le chômage. Si un employé ou un ouvrier n’a pas d’alternatives, il est plus vulnérable. C’est la situation dans laquelle nous nous trouvons en France. Personne ne prendra de risques sans filet de retenue. Cela amène automatiquement à une détérioration des acquis sociaux. Si la menace d’un licenciement est constante, tous les abus sont possibles. Le gouvernement se doit dans de telles conditions de tout faire pour remettre le bateau à flots. Mais pas d’une façon unilatérale comme c’est le cas maintenant. Ne nous leurrons pas, le nouveau projet de loi désavantage les travailleurs ! Sans contrepartie, Myriam El Khomri risque de connaître une amère défaite. Je trouve parfaitement inconcevable qu’elle n’ait pas pensé aux gardes-fous. Cela démontre un manque évident de doigté. On ne peut pas attendre de solidarité de la part des lésés !!! D’accord ?

pm

http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/03/08/ce-que-contient-la-loi-travail-dans-le-detail_4878792_4355770.html

Pierre Mathias

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