Jean-Luc Mélenchon a annoncé sa candidature à la présidentielle de 2017. Il n’a pas attendu qu’il y ait des primaires. Son programme sera anti-européen et aura un relent de populisme. On est loin du temps où les formations de gauche réussissaient à parler d’une même voix. Ce qui se passe là est désolant, parce ce que une telle attitude ne tient pas compte de la situation actuelle, où l’intolérance devient étouffante. Au lieu de nous tirer dans les pieds, une démarche commune serait vitale. Cela ne veut pas dire de vouloir tout aplanir. Les partis doivent garder leur personnalité, se battre pour leurs convictions, mais dans un contexte qui encourage la discussion, non pas la division. François Mitterrand l’avait bien compris. L’union de la gauche a été réalisée au niveau institutionnel. Il a été possible de former un gouvernement dans lequel aussi les communistes avaient leur place. Les valeurs sociales étaient mises au premier rang d’une démarche commune. Lorsqu’on voit les problèmes auxquels sont soumis les citoyens dans un contexte économique tendu, il serait temps de se poser des questions fondamentales. Comme celles de savoir comment faire redémarrer la machine industrielle, sans pour autant étouffer les ouvriers et les employés, lutter contre un chômage qui gagne en particulier les jeunes ? Ce sont des questions fondamentales qui ne peuvent pas être répondues à coups de gueule. Cela demande une indépendance d’esprit, que n’a pas le dogmatique Mélenchon. Il se situe encore dans une politique ringarde qui n’a plus lieu d’être. Ses solutions sont d’un autre temps. Il ne s’agit pas de pénaliser une partie de la population au profit d’une autre. De faire payer un peu plus les riches est une chose, de les mettre sous tutelle une autre. C’est le débat actuel aux USA, où le démocrate Bernie Sanders a le vent en poupe en sommant les plus privilégiés à partager leurs bien avec tous ceux qui vivent dans la précarité. Je suis certes pour une telle démarche, mais à condition qu’elle n’étouffe pas la poule aux œufs d’or.

Il s’agit de trouver un équilibre qui ne fasse pas vaciller le marché du travail. Cela demande du doigté et un sens de la négociation. La gauche de la gauche part encore toujours du point de vue que l’État peut tout régler à coups de décrets. Ce n’est pas le cas lorsqu’il s’agit de générer la richesse. Seuls les individus peuvent faire bouger les choses. Tant que les grands marchés financiers seront aussi puissants, l’influence d’un gouvernement est précaire. Puis il y a la mondialisation qui empêche tous pays à prendre des décisions unilatérales. Qu’on se le dise, le tout est un puzzle où toute bande à part, risque de pénaliser les populations. Lorsque des populistes comme Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon proposent des solutions nationales, ils ignorent les réalités. Ils ignorent qu’un retour en arrière préconisant l’isolationnisme est une utopie. Cette dernière détériorait encore plus notre économie. C’est pour cette raison qu’il faut lutter contre cet esprit de clocher. C’est avant tout au PS à le faire. Qu’il soit de gauche ou de droite, le populisme doit être combattu. Vous pouvez me considérer comme étant un opportuniste, mais je vous répondrais que je suis réaliste. Il ne faut pas rêver !

pm

http://www.lemonde.fr/politique/article/2016/02/10/jean-luc-melenchon-annonce-qu-il-est-candidat-a-l-election-presidentielle_4862996_823448.html

Pierre Mathias

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