Boucler les frontières, un vieux réflexe qui se manifeste toujours à nouveau, lorsque des pays se sentent menacés. Mais remettre en question l’espace Schengen serait un suicide économique et social. Il faut éviter à tout prix que cela se passe. Nous pourrons un peu souffler, en ce qui concerne les réfugiés, lorsqu’il sera entré dans les têtes qu’il faut à tout prix rendre plus imperméable les zones limitrophes, comme du côté de la Turquie, de la Macédoine et ailleurs. La Grèce est concernée. Elle ne peut plus servir de pays de transit au flux migratoire. D’après les conventions internationales, il ne peut pas être question de refuser le droit d’asile à quiconque qui est poursuivi. C’est autre chose pour tous ceux qui essaient d’avoir des avantages économiques, sans contraintes évidentes. En contrôlant tous nouveaux venus, il est possible de mettre un peu plus d’ordre dans une situation qui menace de se détériorer de plus en plus. Les événements de Cologne, où nombre de femmes ont été violées la nuit du nouvel an, démontre que des individus suspects se sont infiltrés en Europe. Ils faut qu’ils soient condamnés puis renvoyés dans leurs pays d’origine. Ce devrait aussi être le cas de tous ceux qui refusent de s’intégrer et de ne pas apprendre la langue du pays. Je suis devenu plus intransigeant, même si je ne remets pas en question la culture d’accueil. Ce qui m’inquiète dans tout cela, c’est la léthargie de l’UE en ce qui concerne les frontières extérieures. Les « bruxellois » ne se sont-ils pas aperçus que le danger vient avant tout de l’intérieur ? Que L’esprit d’intolérance gagne inexorablement du terrain, que des groupuscules néonazis se constituent un peu partout ? Et le populisme ? C’est de la gangrène qui nous ronge de plus en plus et qui aura pour conséquence l’implosion de l’UE. Est-ce cela que nous voulons ? Si c’est non, il s’agirait de se serrer les coudes au plus vite et de mettre en place des directives plus restrictives en ce qui concerne l’immigration. Ce que j’écris-là me met mal à l’aise. Ce n’est pas mon discours habituel. D’autant plus que mes parents se sont réfugiés en Suisse en 1936, ce qui leur a sauvé la vie, mais je suis malheureusement forcé d’ouvrir les yeux.

Comme c’est toujours le cas dans la vie, il faut faire un choix. Je fais celui de l’Europe. Si je veux qu’elle soit sauvée, je dois lui donner les moyens de se protéger. Que ce soit de l’intérieur comme de l’extérieur. La libre circulation des biens et des personnes en son sein, ne peut pas être remise en question, même si nous nous trouvons en plein dans une bourrasque. C’est de la liberté qu’il est question. Chacun devrait se remémorer ce que le nationalisme sous toutes ses formes a provoqué. La destruction de tout un continent, des morts par dizaines de millions. Faire confiance à ses supporteurs revient à se tirer en fin de compte une balle dans la tête. Je crains que l’obscurantisme gagne de plus en plus de monde. Tous ceux qui déclarent vouloir défendre nos valeurs, devraient se dire que la tolérance en est une pièce maîtresse. Si on la foulait des pieds, il serait vain de vouloir sauver une telle société, qui est de plus en plus rongée par le matérialisme. Réveillons-nous enfin et mettons en place les instruments nécessaires afin que le siècle des lumières se perpétue.

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/01/26/migrants-pression-maximale-sur-la-grece-menacee-d-exclusion-de-schengen_4853405_3214.html

Pierre Mathias

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