Dans son livre « Entre “kalach’” et “Martel” » qui vient de paraître, le politologue et connaisseur du monde arabe, Gilles Kepel, met en parallèle deux démarches, qui a première vue devraient être complètement différentes l’une par rapport à l’autre : celles de l’EI et du FN. En écrivant ces lignes, il s’est attiré l’ire de Marine Le Pen. Mais pour tous ceux qui se penchent sur ces faits de société, il y a des points communs. Dans les deux cas c’est la tentative de vouloir modeler une société en employant la force, qu’elle soit physique ou verbale. Il n’est pas question de prétendre que le FN soit complice, mais sa dialectique est plus ou moins la même. Il s’agit avant tout de l’exclusion. En ce qui concerne l’EI, il s’agit des « non-croyants », pour les formations de l’extrême-droite de la sauvegarde de l’Occident. En ignorant les cas personnelles, on généralise des deux côtés. Des populations entières sont mises au pilori, ceci à cause de leur origine ethnique ou de leur croyance. Aussi l’avis que seule une certaine forme de totalitarisme est à même de régler les problèmes politiques. Une fois de plus c’est l’arbitraire qui est en jeu. Un manque total de nuances, de sensibilité, qui est source de conflits. C’est aussi une attaque en règle contre la démocratie, qui ne peut survivre que par la tolérance et le respect d’autrui. Lorsqu’on fait un retour en arrière dans l’histoire, force est de constater que des liens entre les nazis et les milieux fondamentalistes de l’islam, existaient.

Le cas de l’avocat suisse François Genoud est significatif. Dans les années 30 il avait rencontré comme jeune homme Adolf Hitler, par la suite le grand mufti de Jérusalem. Comme sympathisant nazi, il avait à partir de 1945 géré les droits d’auteur de « Mein Kampf » et du journal de Joseph Goebbels. Ayant fait fortune, il était en même temps banquier. C’est lui qui a en financé le FLN. Des fonds qu’il a aussi fait parvenir aux Frères Musulmans en Égypte. Ce serait erroné de vouloir prétendre du FN qu’il agit dans une telle optique. Ce n’est pas le cas ! Mais en prônant la division il fait malgré tout le jeu des islamistes. C’est ce que Gilles Kepel a sûrement prétendu. Contrairement à des groupuscules néo-nazis, qui eux ont dans certains cas des liens avec l’EI, les populistes ne peuvent pas se fourvoyer dans de telles actions, faute de perdre toute leur crédibilité. Mais ne nous leurrons pas, tout appel à la violence, est le même dans sa forme, malgré des idéologies différentes. Le FN devrait en prendre de la graine au lieu de mettre au pilori certaines thèses de réflexion. S’il veut garder le statut de parti populaire, il doit servir la République sous tous ses aspects. Les droits de l’homme en sont la base. Vivre et laisser vivre, telle est la spécificité française. Cela implique une charte de bon voisinage avec des citoyens d’autres souches. La multiplicité étant un fait objectif impossible à remettre en question. C’est ce que l’EI ne veut pas admettre mais aussi un grand nombre de sympathisants frontistes. Marine Le Pen ne devrait pas s’offusquer, au contraire. Elle devrait mettre tout en œuvre pour assurer l’intégrité de la France. Par son discours vindicatif on peut on douter. À elle de se remettre en question !

pm

http://www.lemonde.fr/politique/article/2015/12/17/tweets-de-marine-le-pen-ce-que-dit-vraiment-gilles-kepel-sur-le-front-national-et-le-terrorisme_4834294_823448.html

Pierre Mathias

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