Le système bipartite a fait son temps en France. Ce ne seront plus à l’avenir deux tendances qui s’affronteront, mais trois : la gauche, la droite modérée et le Front National. Une situation qui oblige les politiciens à revoir leur copie. Jean-Pierre Raffarin n’a pas sans raisons fait la proposition que la gauche et le centre coopèrent dans de grands projets, telle la lutte contre le chômage. Manuel Valls – soutenu par le Président de la République – abonde aussi dans ce sens. Pour eux il est évident que toutes les forces vives de la France doivent travailler ensemble pour pouvoir obtenir des résultats effectifs. L’esprit partisan a probablement sonné son glas. Si on veut endiguer la montée fulgurante du FN, il faut se serrer les coudes. Pas à la veille d’un scrutin, mais dans la durée. Le pays ne peut qu’en profiter. Je pense qu’une telle initiative abonde dans le sens que les électeurs veulent voir réalisé. Mettre fin à des querelles plus ou moins virtuelles et se mettre ensemble au travail, même si les avis peuvent diverger. L’obligation de trouver des compromis peut être une source de créativité. Cela oblige les participants d’aller dans le fond des choses et d’éviter ainsi des mesures obsolètes, n’ayant que le but de plaire à leurs adhérents. La réflexion se trouvera ainsi au centre des préoccupations, non pas la valeur ajoutée électorale.

Comme je l’ai souvent écrit, un pays comme l’Allemagne travaille depuis des générations dans ce sens. Une coalition gouvernementale suit une autre et oblige les dirigeants à se réinventer constamment. Cela n’a pas causé de tort au pays, au contraire. Mais pour y arriver, cela demande un retournement complet des mentalités, où les joutes oratoires passent souvent devant la réflexion. Cela implique le respect de l’adversaire. Un tel pas serait une révolution au sein de la 5ème République. Le système actuel a été institué pour obtenir plus de stabilité. Auparavant les gouvernements se succédaient comme les perles d’un collier. Ils survivaient qu’un temps limité et à la moindre bourrasque étaient balayés. Une situation négative à laquelle le Général de Gaulle a mis un terme. Cette structure bicéphale a bien tenu le coup, mais les scores du FN obligent notre démocratie d’évoluer. Je pense que la lutte gauche-droite a fait son temps. Que les problèmes qui nous submergent doivent être abordés d’une manière plus pragmatique. Il est vrai que les contraintes économiques ont banalisé et affaibli la politique. Elle est de plus en plus enfermée dans un carcan qui ne lui laisse que très peu d’alternatives. Elle doit constamment s’adapter à des faits objectifs qui ne dépendent pas d’elle. Ne nous leurrons pas, la marge de manœuvre est plus qu’étroite. Si par malheur les amis de Marine Le Pen arrivaient au pouvoir, ils s’apercevraient rapidement que leur programme n’est qu’un brouillon raturé. Les décisions importantes se prennent ailleurs, force est de le constater. Les lois du marché nous dictent notre manière de vivre. Nous pouvons le trouver regrettable, mais c’est une réalité que personne ne peut ignorer. Une raison de resserrer les rangs, de parler de plus en plus d’une même voix. Cela peut être regrettable pour la culture politique, mais y a-t-il une autre alternative ?

pm

http://www.lemonde.fr/politique/video/2015/12/18/hollande-peut-il-reussir-son-pari-de-diviser-la-droite_4834904_823448.html

Pierre Mathias

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