Lorsque Angela Merkel a été élue la première fois, j’étais catastrophé. Je ne voyais pas comment une femme à première vue effacée soit en mesure de diriger un pays comme l’Allemagne. Étant de gauche, j’étais à priori opposé à sa politique. Aujourd’hui je dois reconnaître que c’est une sacrée femme. Elle a réussi malgré les clivages partisans à gagner le respect d’une grande partie de l’opinion, peu importe de quelle couleur. Sans excès oratoires, elle mène sa barque d’une manière résolue, souvent à contre-courant. Elle a la grande qualité d’avoir des principes au sujet des valeurs et de ne pas céder sous la pression de ses partisans, comme c’est le cas pour les réfugiés politiques ou pour l’adieu au nucléaire. La chancelière place l’éthique au premier plan et dit à qui veut l’entendre, qu’elle ne se discute pas. Ces dernières semaines elle était soumise à des critiques acerbes, même dans son camp. Son parti a perdu des points, mais cela ne l’a pas empêché d’agir comme elle l’entendait. Je l’admire pour cet acharnement, qui n’est pas forcément réalisable dans les faits. Madame Merkel ne veut pas entendre parler d’une limitation du droit d’asile. Comment renvoyer des personnes qui sont poursuivies, qui seraient immédiatement assassinées si elles rentraient au pays ? C’est moralement pas possible, n’en déplaise à Marine Le Pen et compagnie. Je trouve tout à fait légitime de l’admirer, même si elle n’est pas de mon camp. En Allemagne, contrairement à la France, c’est possible. Une qualité dont en devrait prendre de la graine. Je peux parfaitement m’imaginer qu’un Alain Juppé puisse prendre les rennes de l’État, même si je ne voterais pas pour les Républicain de Nicolas Sarkozy.

Je trouve regrettable que des gens sensés de tous bords ne puissent pas mettre leur énergie en commun pour le bien de la France. En période de crise cela serait indispensable. Il ne sert à rien de rendre seul François Hollande responsable du haut taux de chômage. Cette situation tragique ne peut pas être réglée à coups de gueule médiatiques. Elle est si complexe, que la participation de toutes les forces vives de la nation est indispensable. Il serait peut-être temps de changer quelques habitudes. Nicolas Sarkozy a démontré après le premier tour des régionales, qu’il en était parfaitement incapable, contrairement au PS qui appelle à voter LR s’il n’y a autrement pas de possibilités de barrer le passage au FN. Ce serait une esquisse, de ce que pourrait être une nouvelle donne de la culture politique. Angela Merkel est à la tête d’un gouvernement gauche-droite et n’a pas à s’en plaindre. Il en va tout d’abord des compétences de chacun, moins de l’appartenance d’une carte de parti. L’obligation de trouver des partenaires et de mettre en place des coalitions est peut-être le secret de la réussite allemande. Cela explique pourquoi la proportionnelle marche sans accrocs. Prenons l’exemple des régionales. Personne aurait eu besoin de se désister. La représentation au sein des assemblées serait restée le miroir de la volonté populaire. Pour empêcher le FN de prendre les rennes du pouvoir, la gauche et la droite modérée auraient dû s’entendre pour mettre en place un exécutif commun. Il est permis de rêver !

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/12/09/merkel-la-mere-patronne_4827460_3214.html

Pierre Mathias

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