Les Suisses ont voté la simplification. Les populistes ont gagné 11 sièges supplémentaires au parlement. C’est à coups de slogans vengeurs que l’extrême-droite arrive à progresser. On ne peut que déplorer que l’obscurantisme gagne à ce point du terrain. L’UDC a raflé près 29,5 % des places à pourvoir à l’assemblée. Le PS arrive en deuxième position avec 18,9 %. Que faire contre le triomphe de la bêtise ? Les arguments ne manquent pas, mais si personne en prend note, on en arrive là. C’est là que la démocratie directe peut déconcerter en donnant la possibilité à tous de s’exprimer aux urnes. Comme partout ailleurs, une grande partie des citoyens attendent de leurs représentants qu’ils apportent des réponses simplistes à leurs angoisses. Cela consiste à se refermer sur soi-même et de rejeter tous éléments à leurs yeux perturbateurs. Vous avez devinez : ce sont les affreux bronzés, qui sont de par leur origine des voleurs, des violeurs, des assassins. Ils nuisent aux bons, qui sont les Suisses de pure souche. À tous ceux qui se démarquent par leur couleur de peau. L’étranger n’est intéressant que s’il apporte des sous. Qu’il puisse être un margoulin ne touche personne. Dans ce pays où la pauvreté est un péché, ceux qui peinent pour se maintenir à flot, ont la vie difficile. On ne leur fait pas volontiers de l’aumône. Ne sont-ils pas responsables de leurs situation ? C’est la raison pour laquelle le social est à la traîne.

Vous avez deviné, je suis plus qu’irrité. Non pas que la Suisse ait pour moi une importance vitale, mais elle décrit dans ce vote exactement ce qui se passera ailleurs. Ce sera l’époque des paroles haineuses, des attentats comme celui de Cologne, où à coups de couteau on essaie de faire taire tous ceux qui appellent à plus d’humanité. Si on en arrive là, les partis populistes en portent une grande responsabilité. En affichant des propos indignes, ils incitent les criminels à agir. Leurs leaders me répondront que ce n’est pas le cas. Si on en arrive là c’est de la faute des migrants, qui ne veulent pas se faire tuer dans leurs pays. Des troubles-fêtes qui se sont mis en tête d’infester notre paradis par leur présence nauséabonde. Les pharisiens qui ont décroché la palme se voient également comme les défenseurs de l’Occident, des valeurs chrétiennes. Mais seulement celles qui sont à l’avantage des blancs. Pour les populistes c’est la caste supérieure qui par sa vocation doit régner. Le racisme a joué un rôle important dans le scrutin de hier, ne nous leurrons pas. Il y a de quoi être dégoûté ! Le système politique en Suisse veut que le gouvernement soit collégial. Cela revient à dire que des ministres libéraux et de gauches s’asseyent à la même table, que ceux qui violent les droits de l’homme. Cela me met sacrément mal à l’aise. Il faut se faire une raison, il ne peut pas y avoir d’accord avec ceux qui propagent la haine. Au lieu de leur tendre la main, il faudrait les combattre avec des arguments censés. Ce qui s’est passé hier en Suisse est aussi une victoire pour Marine Le Pen et pour les hordes racistes du Pegida en Allemagne. Les néonazis auront ainsi le vent en poupe. L’UDC a beau dire, qu’il se démarque de ces extrémistes, mais il fait leur jeu. Il y a de quoi être inquiet.

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/10/18/en-suisse-la-poussee-de-la-droite-populiste-se-confirme_4791902_3214.html

Pierre Mathias

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