95 morts et 246 blessés, c’est le bilan provisoire de l’attentat perpétré par deux kamikazes, qui s’est déroulé hier à Ankara au cours d’une manifestation pour la paix organisée par la gauche (HDP) et le mouvement kurde démocratique. Et ceci après une déclaration de trêve armée de la part du PKK. Le président Recep Tayyip Erdogan a condamné « fermement cette attaque haineuse contre notre unité et la paix dans le pays. » Cela n’a pas empêché le gouvernement de prétendre que c’étaient « les terroristes kurdes » qui étaient à l’origine de ce massacre et ceci pour nuire aux forces conservatrices du pays, soit au président lui-même. De tels propos sont hors-propos ! Même plus, ils soulignent le caractère haineux qui se déroule aujourd’hui en marge des élections qui auront lieu en novembre. Erdogan n’a pas supporté que ses supporteurs aient perdu la majorité absolue au parlement, la raison pour laquelle il a provoqué cette nouvelle votation. L’autocrate qu’il est ne supporte pas que le pouvoir puisse être partagé. En provoquant des conflits intérieurs et en prenant le risque d’attiser une nouvelle guerre contre le peuple kurde, il espère instaurer un climat de peur dans son pays, voulant ainsi recueillir les voix des indécis. Un coup de poker pouvant aller dans le sens contraire à celui qu’il espère. Au lieu d’être un garant pour la paix, Recep Tayyip Erdogan est passé maître dans l’art de la confrontation. Pour assouvir ses envies de pouvoir, il n’hésite pas à faire couler du sang.

L’attentat d’Ankara, même s’il n’est pas à mettre à son compte, est une preuve de plus de ce que peut provoquer un apprenti-sorcier. Au lieu d’unir le peuple sous une même bannière, il le divise de plus en plus. Cette manière de faire est un concept de courte-durée. Un chef d’État qui utilise de telles méthodes ne peut pas être crédible. Je suis loin d’avouer que le PKK est complètement innocent dans la marche des événements, mais c’est lui qui a été attaqué. Bien probablement par les fanatiques aveugles de l’EI. Comme un de leurs adversaires les plus coriaces sur le terrain, que ce soit en Syrie ou en Irak, ils ont intérêt à frapper d’une manière lâche, tous leurs sympathisants. Une manière sanglante de s’immiscer dans la politique intérieure turque. Au lieu de combattre ces légions fondamentalistes d’une manière plus énergique, Erdogan cherche à les utiliser pour provoquer tous ceux qui n’approuvent pas sa manière de faire. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il y a concertation, mais il y a tout de même une certaine complaisance. Je ne vois pas comment, si ce n’était pas le cas, comment des terroristes aient pu s’infiltrer ainsi dans le pays. Les turcs devraient exiger de leur président une déclaration claire, condamnant de tels événements. Il l’a bien fait, mais peut-on garantir que ses propos seront suivis de faits ? La Turquie, membre de l’OTAN, aurait intérêt à concerter sa politique à celle des autres membres de cette organisation transatlantique. La lutte contre le terrorisme et l’arbitraire des fous de Dieu devrait avoir le plus grande priorité. Le Président ne remarque-t-il pas qu’il met en danger l’équilibre de sa nation ? Qu’il laisse une place privilégiée à des éléments perturbateurs dans ses propres rangs ? Il pourrait un jour bien être la victime d’une telle tactique. Que le peuple se réveille enfin ! Tel mon souhait.

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/10/10/explosion-dans-le-centre-d-ankara-plusieurs-morts_4786832_3214.html

Pierre Mathias

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