Les rebelles de l’EI se trouvent aux abords d’Alep. Ils ont effectué une percée grâce aux Russes. Un paradoxe de plus dans cette guerre fratricide qui déchire la Syrie. En effectuant des bombardements sur les positions des opposants plus modérés au régime de Baschar Al-Assad, ils les empêchent de résister aux hordes fondamentalistes des fous de Dieu. Pour l’instant il n’y a pas de coordination, ce qui devrait être corrigé au plus vite. C’est une des causes, mais il y en a une autre qui me semble être plus essentielle. Lutter contre la guérilla avec des armées classiques a toujours été délicat. D’autant plus qu’il n’y a pas de troupes au sol. Mais il est aussi reconnu que sans un soutien populaire il ne peut y avoir de rébellion. Que l’on veuille ou pas, il doit exister en ce qui concerne l’EI. Dans un tel cas il faut faire une analyse politique et se demander ce qui peut amener une partie de la population à se soumettre à un tel régime de terreur. D’une part nombre de citoyens veulent échapper à l’influence du gouvernement félon de Damas, de l’autre le scénario de la répression se remet en marche sitôt que l’armée syrienne lâche du terrain. J’appuie tout à fait les vues de François Hollande, pour qui une entente avec Al-Assad est du domaine de l’insupportable. Soutenir d’une manière ou d’une autre un chef d’État qui n’hésite pas à tuer ses compatriotes est quasi impensable, même si la tactique sur le terrain pourrait en profiter. Vladimir Poutine ne le lâchera pas tant qu’il fera l’affaire de la Russie. Ses troupes ont reçu son aval, ce qui rend officiel toutes interventions.

Le prix est élevé. Il provoque encore plus de distensions et affaiblit toute opposition, sauf l’EI qui profite de cette zizanie. Cela démontre à quel point la communauté internationale est en porte-à-faux. Ne pas intervenir est dans le contexte actuel une vue de l’esprit qui ne tient pas compte des dangers qui peuvent intervenir sur nos territoires. La guerre clandestine ne s’arrêtera pas aux portes du Proche-Orient. Elle s’étendra dans notre société, comme un virus des plus virulents. Se défendre contre des attaques issues de l’ombre est une utopie. La raison pour laquelle il est à mes yeux tout à fait légitime d’attaquer l’EI sur le terrain. Mais la condition est l’efficacité. On en est plus loin que jamais. Si ses forces arrivaient à s’emparer de l’ancienne capitale économique de la Syrie, ce serait une défaite lourde de conséquences pour la communauté internationale. Cela ne doit pas arriver ! Mais temps que les protagonistes ne se mettront pas d’accord, les fanatiques auront libre-jeu. Que faire ? Je dois avouer qu’il n’y a pas de réponses satisfaisantes. Tôt ou tard des soldats américains, français ou russes se trouveront face-à-face avec les barbus. Mais qu’en sera-t-il du résultat d’une telle intervention ? Je crains qu’un deuxième Afghanistan pourrait voir le jour. Comme on le sait les Talibans n’ont pas été vaincu. Ils se sont retirés et attendent que les armées étrangères quittent le pays pour intervenir. Comme l’a démontré Kunduz, ils ne reculent devant rien. La ville a été certes reprise par les forces gouvernementales, mais pour combien de temps encore ? Il en sera de même en Syrie et en Irak. Une chose est néanmoins sûre, nous nous sommes une fois de plus embourbés. Pas un gage pour un avenir paisible, au contraire.

pm

http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2015/10/10/washington-et-moscou-prets-pour-des-discussions-sur-la-syrie_4786707_3218.html

Pierre Mathias

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