Je me suis rendu hier à la gare de Munich pour voir ce qui s’y passait. Mon intention était d’apporter un soutien matériel aux migrants ayant transité par la Hongrie et l’Autriche, mais les organisations caritatives n’acceptaient que de la nourriture, des habits, des sacs de couchage. Je voulais aussi exposer mon intention de recevoir un réfugié pour faire avec lui de la conversation et ceci régulièrement. Pour qu’il y ait intégration, la langue joue un rôle essentiel. Comme grand nombre d’entre eux ont émis le souhait de rester définitivement, il s’agit de les faire vivre dans une certaine normalité. Cela implique un emploi, l’écolage pour les enfants et évidemment un lieu décent pour vivre. Pour qu’il n’y ait pas de catastrophes, il faut agir rapidement. Mais ce n’était ni le lieu ni le moment pour faire une telle demande. J’ai vu un train arriver avec des centaines de malheureux. Des familles entières mortes de fatigue, mais malgré tout soulagées d’avoir pu pouvoir s’échapper à l’enfer. Un enfant a eu un mouvement de panique, lorsqu’il a vu les uniformes des policiers. Il a dû croire qu’on voulait le battre. Dieu sait ce qu’il lui est arrivé… D’après les dernières nouvelles, 13 000 personnes sont arrivées samedi à la gare. Dieter Reiter, le maire social-démocrate de Munich, a appelé les autres Länder et le gouvernement Merkel d’intervenir au plus vite pour assurer une meilleure répartition des requérants d’asile, car les autorités locales se trouvent face à une saturation de lits. Recevoir en une semaine environ 60.000 migrants n’est plus gérable pour l’administration municipale et les organisations caritatives.

Je viens d’apprendre par la radio en écrivant ces lignes, qu’il a été finalement possible d’offrir à tout le monde un gîte. Personne n’a dormi à la belle-étoile. Une grande performance qui ne pourra pas être tenue si le flot des nouveaux-venus n’est pas interrompu. Ce ne sera pas le cas ! De plus en plus de personnes sont prêtes à prendre de grands risques et de payer des sommes considérables pour fuir leur patrie. Celles que j’ai vus sur le quai, étaient assez fines. Nous avons affaire à une certaine élite, pas au prolétariat qui n’aurait jamais pu financer un tel périple. Il s’est confirmé ces derniers jours que parmi les réfugiés il y avait un grand nombre de personnes instruites, souvent des universitaire. Il est évident qu’au cas où l’intégration puisse réussir, l’Allemagne profitera de cet apport. Le patronat voit de ce fait d’une manière positive ces événements, l’économie souffrant d’une baisse sensible de la démographie. Dans bien des cas il n’est plus possible de remplacer les partants à la retraite. Le pays connaît un vieillissement fulgurant, laissant augurer du pire. Comme la plupart des migrants sont des jeunes, ils pourraient être un élément positif pour faire prospérer la République Fédérale. Dans un tel cas il est scandaleux que les structures d’accueil laissent tant à désirer. Le flux migratoire n’est pas nouveau, d’où mon étonnement que les dirigeants semblent être dépassés à ce point. Les prochains jours montreront s’il est possible de mieux canaliser cet exode. Une chose est néanmoins claire : sans une solidarité au sein de l’UE, l’Union risque de capoter. Il serait enfin temps de regarder plus loin que son bout du nez !

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/09/13/en-allemagne-munich-debordee-face-a-l-afflux-de-refugies_4754887_3214.html

Pierre Mathias

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