Le président du gouvernement de la Catalogne, l’indépendantiste Artur Mas, a appelé hier les 5,5 millions d’électeurs à voter le 27 septembre pour un avenir autonome de la région. La journée nationale évoque la prise de Barcelone par les troupes franco-espagnoles du roi Philippe le 11 septembre 1714. 1,4 million de manifestants se sont réunis sur une artère au Nord de la capitale provinciale, réclamant un détachement de leur patrie de l’Espagne. Ils en ont assez de devoir apporter une grande contribution financière à un État qui leur est étranger. Ils ne veulent plus payer les dettes d’un pays qui à leurs yeux est corrompu. Je peux comprendre le fin fonds de leur pensée mais il m’inquiète. Vouloir démanteler les structures européennes, c’est de cela qu’il s’agit en fin de compte, peut engendrer l’effondrement d’une grande idée. Au lieu de rassembler, on assiste à un démembrement de l’UE. La création d’un grand nombre de petites nations ne peut qu’accentuer les divisions. Il est à craindre qu’on en revienne à un régionalisme de grande envergure, qui rend impossible toute vie commune. Faudra-t-il instaurer des frontières tous les cents kilomètres ? L’égoïsme glauque de citoyens ne voyant pas plus loin que leur nombril gagnera du terrain. Nous le vivons actuellement avec le problème des réfugiés politiques. Chacun ne pense qu’à soi. C’est un signe de déclin, qui sans un électrochoc continuera à faire son chemin.

Tous ceux qui prônent l’indépendance de leur bout de terrain, se rendent-ils comptes qu’au bout du compte qu’ils ne seront plus que les marionnettes des marchés financiers ? Que la division amène en fin de compte des contraintes presque impossibles à surmonter ? Puis il y a la danger de conflits locaux. L’union des pays européens a permis d’écarter jusqu’à aujourd’hui un tel danger. Qu’en sera-t-il lorsqu’il aura une multiplication d’États plus ou moins capables de se gérer seuls ? Que l’on veuille ou non la proximité rend aveugle. Elle parque les populations dans un mouchoir de poche. L’esprit ne peut plus s’évader. Il s’accroche à un esprit de clocher et perd de sa générosité. Est-ce cela l’Europe où je veux vivre ? Non, trois fois non ! Tout en comprenant parfaitement bien la démarche catalane, je m’oppose d’une manière véhémente à sa volonté de quitter l’Espagne. Je préconiserais plutôt le modèle suisse, qui permet à chaque canton de se gérer soi-même, tout en faisant partie d’une confédération. C’est un peu ce que devrait-être également l’UE. Malheureusement j’ai l’impression que tout est en train de se désagréger. L’homme a le fatal instinct de tout détruire ce qu’il a construit, de se précipiter dans le malheur sans raisons évidentes. Les Catalans jouent avec le feu, sachant bien que s’ils réussissaient à se délester du joug actuel, d’autres régions suivront. Leur imputer toutes les fautes commises par le passé serait injuste. L‘ État espagnol porte une grande responsabilité. Ce qui se passe actuellement est un héritage du Franquisme, où cette province a été maltraitée, parce ce que les Républicains de gauche y étaient fortement ancrés. Des blessure qui ne semblent pas être cicatrisées. Il serait temps que Madrid revoie sa copie et donne la plus grande autonomie aux provinces qui composent la nation. Aussi les Basques devraient en profiter ! On en est loin.

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/09/11/espagne-des-milliers-d-independantistes-defilent-a-barcelone-avant-un-vote-crucial_4752696_3214.html

Pierre Mathias

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