Le ministre des Finances, Euclide Tsakalotos, contrairement à son prédécesseur, semble être un négociateur assez habile. Il est d’avis que la Grèce, sans une première tranche de 20 à 25 milliards d’euros, ne pourrait pas rembourser les 3,4 milliards dus à la BCE jeudi prochain. Il n’est pas non plus sûr à l’heure actuelle que FMI participe à l’apport d’environ 85 milliards € du troisième fonds de sauvetage. Il réclame une remise de dette, ce que refuse l’Allemagne. Au moment même où j’écris cet article, il est 5 heures 48, le parlement grec n’a pas encore donné son aval. Alexis Tsipras est parfaitement conscient qu’il n’aura pas le soutien de l’aile gauche du Syriza, dominé par l’ancien ministre de l’Énergie, Panayiotis Lafazanis. Si le gouvernement devait tomber sous la barre des 120 députés de gauche favorables à l’accord, il serait renversé et devrait organiser au plus vite de nouvelles élections. Une occasion de se débarrasser des têtes chaudes de l’extrême-gauche. Il serait bien possible qu’il y ait un revirement au centre, ce qui permettrait au premier ministre de partir sur une base nouvelle et de mettre en application les prérogatives de l’accord.

Tout en étant un partisan du maintien de la Grèce au sein de la zone euro, je dois reconnaître que le processus mis en place, me cause des problèmes. Accorder une aide avant tout pour permettre à un pays de rembourser ses dettes, me fait penser à un puits sans fond. L’argent mis en route ne profite qu’indirectement à l’essor économique de cette nation. Et c’est-là que le bât blesse le plus cruellement ! Je peux comprendre que dans ce contexte il y ait réticence. Si les sacrifices demandés au peuple grec n’avaient pas de contrepartie, ce serait tragique. Le FMI en est conscient ! Sans une renégociation totale du remboursement des sommes dues aux diverses instances, il ne peut y avoir de solutions. Christine Lagarde en a parfaitement conscience. Mais ce ne sera pas du gâteau de convaincre les principaux créanciers, dont fait partie la République Fédérale. Angela Merkel ne veut pas en entendre parler ! Pour cause : ce serait une pilule difficile à faire avaler à son électorat. Il est maintenant 6 heures 15. Les débats au parlement pourrait durer jusqu’au milieu de la matinée. Ceci est tout à fait légitime ! Les décisions prises seront d’une importance vitale pour l’avenir. La droite démocratique a une fois de plus déclaré de vouloir soutenir cette démarche. Dans un tel cas il serait étonnant que le gouvernement n’obtienne pas gain de cause. Ce serait pour Alexis Tsipras un succès évident, lui donnant probablement l’occasion de renforcer son action, le peuple le soutenant à 70%. Je ne pense pas qu’il sera une figure tragique de l’histoire, au contraire. Ce sera l’homme qui a eu le courage de recaler ses options idéologiques au profit des intérêts de son pays. Une démarche due à la situation désastreuse des finances, mais il fallait le faire. 6 heures 24, la retransmission directe du parlement a été interrompue, car certains députés se sont endormis. Depuis hier à 9 heures 30, ils siègent sans interruption. D’après les dernières nouvelles, il faudra encore patienter. Je vais clore cet article en faisant un appel à la pondération. Je pense qu’en temps de crise elle est le meilleur moyen de s’en sortir, même s’il faut y laisser des plumes !

pm

http://www.liberation.fr/monde/2015/08/13/les-deputes-grecs-debattent-de-l-accord-berlin-a-encore-des-questions_1362794

Pierre Mathias

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