C’est dans la révolte des agriculteurs et des producteurs de viande que chacun d’entre-nous peut constater ce qui ne va pas dans l’UE. La crise de l’euro a été déclenchée parce que les disparités entre les pays-membres étaient trop grandes. Un exemple : il est impossible qu’en Allemagne un exploitant puisse engager des saisonniers à un un prix moindre que de l’autre côté du Rhin. C’est une injustice flagrante. Il est indispensable que les prix de production soient adaptés, aussi dans le domaine industriel. Tout particularisme peut entraîner des heurts comme nous les avons connus à la frontière allemande ou espagnole. Le blocus est tout à fait légitime. Les incidents devant le siège de Lactalis démontrent ce que sont les revendications des paysans. Pour 1000 litres de lait, ils perçoivent 300 euros. C’est travailler à perte. Il leur faudrait au minimum 50 euros de plus. Ils ne veulent pas qu’on leur fasse de l’aumône, mais obtenir des prix adaptés au travail et aux investissements effectués. Mais leur calcul ne peut que marcher tant que ce tarif soit reconnu par tous les pays européens. Ce ne sera pas le cas, car des nations comme la Pologne par exemple a un revenu moyen de la population qui est bien moindre qu’en France. Il est clair qu’en sein du marché unique personne ne peut plus percevoir des droits de douane. Il est évident que dans un tel contexte la grande distribution ira s’approvisionner ailleurs, où elle paiera moins. C’est là qu’il faudra revoir l’UE.

Mais ne nous faisons pas d’illusions, tant que le niveau de vie sera aussi disparate d’un pays à l’autre, rien ne pourra bouger. Puis il y a le marché intérieur. Comme nous le savons malheureusement, l’argent disponible pour les ménages se réduit de plus en plus comme une peau de chagrin. Si le panier de la ménagère augmente d’une manière inconsidérée, ce qui serait le cas, il y aurait des embûches. Il est à craindre que les gens achètent bien moins, ce qui ne changerait en aucune manière la situation de l’agriculture en général. Si on veut que les lois du marché se concrétisent, il faudrait mettre en jachère un grand nombre de terre, réduire d’une manière drastique la production, ce qui amènerait une hausse générale des prix. Grand nombre de paysans se trouveraient ainsi le bec dans l’eau et n’auraient plus de revenus. Avec des « il y qu’à… » on arrivera à rien. Il est clair que tout bon commerçant cherchera son bonheur ailleurs. La grande distribution gagne son beurre, je ne le mets pas en doute, mais elle aussi est dépendante du pouvoir d’achat. Tant que l’économie française ne démarrera pas, il ne faut pas se faire d’illusions. L’endettement des ménages est déjà considérable, il ne doit pas augmenter, au contraire. Et Bruxelles dans tout cela ? La Commission est dépendante des membres de l’Union et ne peut que louvoyer, pour satisfaire plus ou moins tout le monde. Elle pourrait faire plus dans le domaine des infrastructures. Il est avéré que dans le domaine de la viande, les abattoirs en France ne sont pas si effectifs que chez certains de nos voisins. Il faudrait investir dans de tels domaines, mais ce n’est pas une garantie de succès. Nous serons toujours rattrapés par tous ceux qui préfèrent la quantité à la qualité. Cette dernière est notre seul atout. Made en France dans l’alimentaire doit rester au top !

pm

http://www.lemonde.fr/economie-francaise/article/2015/07/28/crise-agricole-les-producteurs-de-lait-manifestent-devant-le-siege-de-lactalis_4701322_1656968.html

Pierre Mathias

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