François Hollande a demandé à la grande distribution de payer un prix juste aux éleveurs. Les marges fixées par eux sont souvent inférieures au coût de production, ce qui revient à dire que les agriculteurs ne survivent que grâce aux aides de l’État et de l’UE. Dans un tel contexte ce sont des assistés. À la longue cela ne peut qu’aboutir leur ruine. Un pays sans une paysannerie traditionnelle perdrait son identité. Nos aliments ne peuvent pas que provenir de fabriques agraires. L’élevage industriel est une gifle par rapport à la vie dans son ensemble. Déjà du point de vue de la santé, il s’agirait de revoir sa copie. Mais toute tentative d’inverser la vapeur afin de pratiquer une production biologique coûte de l’argent. Cela entraînerait automatiquement une hausse des prix pour le consommateur. Est-il prêt à l’accepter ? Lorsque un grand nombre de familles tirent le diable par la queue et ont du mal à boucler leurs fins de mois, je ne pense pas qu’on puisse déclencher une vague de solidarité envers les agriculteurs. C’est un dilemme, dont toutes les parties concernées sont bien conscientes.
Le seul moyen serait que la grande distribution empoche moins de profits, qu’elle baisse ses marges bénéficiaires. Mais est-ce possible ? Je le crois, mais demandez à un marchand de se serrer la ceinture ! C’est le seul maillon de la chaîne où il serait, à mon avis possible, de mettre en marche plus de justice. Un autre aspect serait un approvisionnement régional, permettant d’économiser le prix des transports. Écologiquement c’est souhaitable et se pratique de plus en plus. Mais soyons lucide : une réduction du choix des denrées alimentaires en serait la conséquence. Revenir à rythme saisonnal serait aussi une option. Je ne vois pas la nécessité absolue de manger des fraises au mois de novembre ! Mais de telles mesures demanderaient beaucoup de pédagogie. À une époque ou la mondialisation entre de plus en plus dans les mœurs, ce serait nager à contre-courant. Cela aurait aussi des conséquences fatales pour les plus pauvres d’entre-nous. Des pays vivant déjà maintenant au seuil de la pauvreté ne pourraient plus survivre. Ils sont dépendants de leurs exportations agraires. Quoiqu’on entreprenne, il y a des écueils partout. Mais une chose est claire, la situation actuelle ne peut pas perdurer. Si la paysannerie se meurt, nous ne pourrons plus subvenir à nos besoins vitaux, qu’on se le dise ! Une hausse du coût de la vie serait dans un tel cas une nécessité. Mais attention : le résultat ne s’améliorerait pas d’un pouce. Prenons l’exemple de la viande. Les gens seraient forcés de s’en passer un peu plus. Au lieu de quatre ou cinq fois par semaine, on passerait à une consommation bien moindre, ce qui n’arrangerait rien pour les intéressés. Ils se retrouveraient au même point qu’actuellement ou pire. Une famille qui est touchée par la disette économique ne peut pas faire plus. Tant que le chômage sévit, il ne faut pas à s’attendre à des miracles. Même moi qui touche une retraite acceptable, fais attention aux prix, ce que je faisais moins lorsque j’étais encore en pleine activité professionnelle. Peut-être que les ménages feraient bien de dépenser moins ailleurs. L’alimentation devrait toujours être prioritaire. Elle ne l’est plus !
pm