Le big boss de Vivendi, Vincent Bolloré, s’est attaqué à une vache sacrée : les Guignols. Comme principal actionnaire de Canal+ il a marqué ainsi son intention d’effectuer des changements. Rodolphe Belmer, le directeur, a été forcé de prendre son chapeau. Sans la solidarité d’un très grand nombre de téléspectateurs qui ont signé une motion en faveur de l’émission, les Guignols seraient passés à la trappe. Il est vrai que pendant les dernières années elle n’a pas subi les changements nécessaires. Les poupées n’ont guère évolué. Mais ce n’est pas le sujet que je veux aborder. Il en va de la mainmise du capital sur la liberté de pensée. Alain Juppé, François Hollande et bien d’autres politiciens se sont élevés contre cet oukase, sachant qu’il était un acte de censure, même si le protagoniste principal évoque d’autres raisons. Après l’attentat de Charly hebdo, toutes atteintes à la satyre, ne peuvent pas être cautionnées. Comme le Président l’a fait remarquer, elle fait partie de notre identité culturelle. Comme c’était le cas des fous sous la monarchie, il est indispensable de laisser place à la critique. Maintenant elle fait partie de la démocratie et est entrée dans les mœurs. Vincent Bolloré l’a compris et a dû faire marche-arrière, ce qui est une bonne nouvelle. Mais cet incident a démontré à quel point il est nécessaire de défendre nos libertés.

Lorsqu’il y a censure actuellement, les acteurs évoquent souvent des raisons économiques ou financières. Ils ne jouent pas cartes sur table, parce que cela pourrait nuire à leur image. L’emprise des barons de l’industrie sur la marche de la nation est une réalité dont il ne faudrait pas se départir. Quoiqu’on en dise, elle est omniprésente. À une époque où l’intolérance gagne du terrain, il faut défendre à tout prix nos acquis. Grand nombre de citoyens ont compris ce dont il était question : restreindre notre droit à la parole. Lorsque l’économie bât de l’aile, un grand nombre de personnes voudraient s’en remettre à un gourou qui leur dicte la marche à suivre. Toutes démarches allant dans ce sens ne trouve heureusement pas l’assentiment des peuples dans leur majorité, ce qui est positif. Je ne vais pas prétendre que Vincent Bolloré est un adepte du totalitarisme, au contraire, mais son attitude initiale prouve son pendant pour l’autoritarisme dans le contexte agité que nous connaissons actuellement. La recherche de l’homme-providence, qui pourrait nous délivrer d’un coup de baguette-magique des maux que nous connaissons, nous rend dépendant. L’atmosphère générale s’envenime parce que les décideurs veulent avoir plus de mainmise sur la marche des États. Un dérapage tel que celui-ci, se répétera de plus en plus souvent. La peur gagne toutes les couches sociales et les rend vulnérables. Beaucoup préfèrent sacrifier ce qui peut restreindre la liberté d’expression afin de ne pas indisposer les potentiels sauveurs. La France a bien réagi contre un tel virus et a obligé la chaîne à revoir sa copie. C’est une très bonne chose et c’est un garant pour l’avenir, la preuve que le veau d’or n’est pas notre point de repère, bien plus le droit à la critique. C’est une valeur fondamentale pour la démocratie. La Chine démontre, en poursuivant les artistes et les intellectuels, qu’elle ne se rend pas un bon service en agissant ainsi, elle nuit à son image, ce qui n’est pas très valorisant. À bon entendeur !

pm

http://ecrans.liberation.fr/ecrans/2015/07/03/les-guignols-sauvent-leur-tete-pas-rodolphe-belmer_1342819

Pierre Mathias

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