Du point de vue politique, la Grèce, malgré une faillite annoncée depuis longtemps, marque des points. Un accord avec la Russie dans le domaine énergétique sera signé probablement d’ici peu. Cela ne peut pas plaire aux Européens, qui « veulent punir » Vladimir Poutine pour excès « d’appétit territorial ». Le rouble est en train de se rétablir, malgré le prix du pétole et les sanctions de l’UE. Alexis Tsipras a bien compris les avantages qu’il pouvait tirer de la situation. Sans aucun scrupule il est prêt à faire chanter ses partenaires et d’imposer ainsi plus de flexibilité en ce qui concerne le remboursement des dettes et les réformes à apporter dans le domaine budgétaire. Son attitude est déconcertante. Il donne l’impression d’être dans le camp des gagnants, malgré le marasme terrible où se trouve la Grèce. Il faut le faire ! Il a des nerfs plus solides que les cordes d’un piano. Nous sommes pour la plupart conscients qu’il nous mène par le bout du nez, qu’il fait des promesses qu’il n’a aucune intention de tenir et ceci avec le regard malicieux d’un petit garçon bien élevé, ne voulant brusquer personne. Contrairement à son impétueux ministre des finances Yanis Varoufakis, il évite toutes déclarations coups de poing et reste plutôt réservé. Une attitude habile, mettant à contribution la patience de ses interlocuteurs. Il serait temps que les grands ténors de la politique communautaire en prennent notes et changent peut-être de tactique. Il ne s’agit pas de modifier les grandes lignes politiques, mais de les appliquer différemment.

Les déclarations de Wolfgang Schäuble sont sûrement sensées, mais apportent-elles quelque chose de nouveau ? Peuvent-elles esquisser une alternative pour arriver enfin à une solution ? Le fait est que le temps ne joue pas en faveur de Bruxelles. Alexis Tsipras sait parfaitement que le départ de son pays de la zone euro ne serait pas une bagatelle comme beaucoup voudraient le faire croire. Il ne s’agit pas seulement d’une affaire de gros sous. L’aspect politique est bien plus déterminant. Ce serait, ne nous leurrons pas, une défaite de taille dans la construction de l’Europe. La question qui se pose est de savoir si dans une telle perspective il est opportun de céder ? Je ne le crois pas, mais la diplomatie permet d’agir avec plus de souplesse. Il est évidant que le gouvernement grec est guère impressionné par les nouvelles alarmistes prédisant une faillite prochaine. Les appels de Barak Obama incitant la Grèce a donner un coup de collier ne serviront probablement à rien. Jouer la carte russe démontre une grande perspicacité et est parfaitement logique. Le premier ministre sait bien que les puissances occidentales feront tout pour éviter trop de promiscuité entre son pays et Moscou. Du point de vue stratégique personne ne peut souhaiter que Poutine ait une tête de pont au bord de la Méditerranée. Cela lui permettrait d’exercer plus de pouvoir en Afrique du Nord, notamment en Libye riche en pétrole. Il sait parfaitement que s’il veut que la Russie retrouve l’influence qu’elle avait sous le communisme, elle doit s’affirmer dans le contexte international. Alexis Tsipras vient pour lui à propos. Il lui permet d’exercer une pression sur Bruxelles. Rien à faire, nous nous trouvons dans de beaux draps ! Un paradoxe.

pm

http://www.lemonde.fr/economie-mondiale/article/2015/04/18/le-g20-preoccupe-par-la-volatilite-des-changes-et-la-grece_4618397_1656941.html

Pierre Mathias

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