Ne nous leurrons pas, le FN est beaucoup trop fort, mais il n’a pas atteint le but qu’il s’était fixé, celui d’être le premier parti de France. L’UMP et le l’UDI se trouvent en première place, le PS à la troisième. Pas un résultat fameux, mais on s’attendait à pire. Manuel Valls a bien fait de faire comprendre aux citoyens que le programme de Marine Le Pen est discriminatoire, qu’il n’a aucune vision économique que celle d’exclure la France de la communauté internationale. Nicolas Sarkozy n’a pas eu tort de prétendre que le FN avait des visées identiques à celles de l’extrême-gauche. Il n’a pas hésité à soutenir le gouvernement grec dans sa lutte contre l’UE. Pour le second tour dimanche prochain il serait indispensable que les citoyens votent « républicain », ce qui provoque l’ire des dirigeants du FN qui se considèrent comme étant des patriotes exemplaires. Hier soir ils n’ont pas voulu admettre que leur parti prône l’exclusion, qu’il a des dérives antisémites et que cela étant il remet en question les valeurs des droits de l’homme.
Ne soyons pas aveugles, malgré avoir évité une plus grande débâcle, la gauche sort de cette élection avec des contusions. Mais elle a la possibilité encore de limiter la casse. Cela va à l’actif du premier ministre qui s’est démené comme un diable pour expliquer aux français ce qu’un vote frontiste pouvait avoir comme conséquences. Que se serait-il passé si le FN avait pris la première place ? La droite démocratique ne s’en serait pas remise. La victoire va à l’actif de Nicolas Sarkozy qui est rené des cendres. Oublié que c’est en grande partie à cause de lui que le pays a sombré dans la crise. La mémoire est courte, mais tout cela vaut mieux que ce qui aurait pu se passer : le triomphe de Marine Le Pen. Les commentateurs pensent que rien n’est joué pour les présidentielles en 2017. Malgré la défaite du PS, il aurait les moyens de remonter la pente. Je suis curieux de voir comment François Hollande s’y prendra pour garder toutes ses chances. Il était symptomatique que les journalistes l’ont ménagé hier soir. Contrairement aux municipales, personne n’était prêt de parler de la Bérézina de la gauche. Si elle parvenait à se ressouder elle pourrait retrouver une nouvelle jeunesse, d’autant plus que les premiers succès économiques apparaissent à l’horizon. Dans ce cas-là le timing jouerait en faveur du Président. Je ne peux qu’espérer que le FN ait atteint son apogée. Il continuera néanmoins à s’incruster dans le paysage politique, mais il est probable qu’il ne pourra pas emménager à l’Élysée d’ici peu. La politique a repris ses droits. Contrairement aux pronostiques alarmistes, la débâcle de la démocratie n’a pas eu lieu. Même en étant un homme de gauche, je suis rassuré que l’UMP ne soit pas passé à la trappe, au contraire. Je peux accepter l’alternance seulement à la condition qu’elle respecte nos valeurs, celle d’une nation généreuse, condamnant sans rémission l’injustice et la xénophobie. Les déclarations de certains élus du FN ont entaché la réputation de la France. C’est une honte qui ne doit pas être acceptée par les citoyens. Le deuxième tour implique des alliances. Dans la situation actuelle Marine Le Pen fera plus ou moins cavalière seule. À moins que des électeurs de l’UMP retombent dans son filet pour ne pas voter « républicain » !
pm