Sauver des vies humaines, tout entreprendre pour faire cesser des hostilités, tel serait le rôle de la politique et de la diplomatie. Mais ce serait ignorer les méandres de la nature humaine. Les dirigeants tous azimuts se préoccupent avant tout de ne pas perdre la face. Ne surtout pas céder ! Faire admirer au monde entier ses muscles, bomber le torse ! Tant qu’ils ne sont pas eux-mêmes sous le feu des bombes, un exercice sans conséquences vitales. Vladimir Poutine et Petro Porochenko se livrent des joutes oratoires pendant que des citoyens des deux camps y laissent leur peau. Angela Merkel et François Hollande cherchent à calmer les esprits, mais c’est un exercice périlleux car les Russes et les Ukrainiens semblent croire qu’ils pourront régler leurs différents par les armes. Et ceci malgré les conséquences au niveau international.

Sur le terrain chaque camp essaie de marquer des points. Les hostilités se sont intensifiées pendant les négociations et ceci au dépriment de la population civile. Le but est de de créer des faits accomplis. Il est dans de telles conditions difficiles de s’imaginer quelle pourrait être la paix de Minsk. Lorsque la haine prend le dessus, elle s’infiltre partout et étouffe la raison. Il est toujours déconcertant de constater à quel fil tenu le destin de l’homme est pendu. La psychologie joue un rôle essentiel lorsqu’il y a guerre. Tant que les acteurs n’ont pas compris qu’il ne s’agit pas d’un jeu d’échecs, ils feront tout pour « faire durer le plaisir », croyant ainsi en retirer des avantages. Ils oublient que le compromis peut lui aussi être un signe de force. Il est certes bien plus difficile à gérer qu’une campagne militaire. Il permet d’éviter « un retour en arrière » qui implique toujours d’un côté une victoire, de l’autre une défaite. L’illusion que les conflits peuvent se régler martialement n’est plus à démontrer. Certains succès à court terme sont possibles, mais à la longue une telle attitude mène dans un bourbier. Lorsque les uns et les autres font la sourde-oreille le danger d’une recrudescence de la violence est programmé. Dans un tel cas il est impossible de savoir exactement où elle peut mener. Prendre un tel risque est absolument irresponsable. Le plus difficile est de convaincre les militaires. Ils ne veulent pas mettre en questions leurs acquis et ont du mal à accepter des accords négociés loin du lieu des opérations. C’est ce qui s’est passé à Minsk. Au bout du compte ils ont été obligés de faire respecter un cessez-le-feu à partir du dimanche 15 février. Il est clair que les négociations pour arriver à une paix durable mettront encore beaucoup de temps. Il n’était pas possible d’obtenir plus. Ce n’est pas en quelques heures qu’il est possible de corriger des erreurs faites de part et d’autre. Ce processus démontre néanmoins qu’il est impératif de réintégrer la Russie dans le contexte européen, sans toutefois tout devoir accepter. Il en va de la souveraineté d’un pays et du rôle qu’il doit jouer dans le monde. Après l’effondrement de l’Union Soviétique nous avons probablement manqué de doigté et blessé la fierté des Russes en les considérant comme une puissance en déclin. Il serait maintenant opportun de changer d’attitude. Leur faire comprendre qu’une annexion comme celle de la Crimée n’est pas une solution !

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/02/12/ukraine-une-longue-nuit-de-negociations-a-minsk_4574684_3214.html

Pierre Mathias

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