Angela Merkel et François Hollande ont pris de grands risques en essayant de trouver un accord de cesser-le-feu à Kiev puis à Moscou. Ils ont bien fait ! Aujourd’hui les négociations continueront par téléphone. L’accord de Minsk n’est-il plus qu’un papier sans grande valeur ? Personne n’a voulu s’y conformer. Depuis les armes parlent. Près de 5400 personnes ont été tuées, parmi elles des femmes et des enfants. Le Président n’a pas tort lorsqu’il a déclaré lors de sa conférence de presse qu’il s’agissait bien d’une guerre.

Ce qu’il fallait à tout prix éviter est aujourd’hui une réalité. La clef pour faire cesser le conflit est déposée aujourd’hui au Kremlin. Vladimir Putin aurait probablement les moyens de faire taire les armes. Le veut-il ? Je pense qu’il a un certain intérêt que la situation ne se détériore pas plus. La Russie se trouve dans une passe économique difficile. Un engagement militaire ne lui serait pas propice. Mais l’histoire la démontré qu’il est très difficile de faire marche-arrière. Tout son ego n’admet pas le moindre signe de faiblesse. Psychologiquement il repoussera tout accord où il serait démontré qu’il est le perdant. Mme Merkel et M. Hollande doivent en tenir compte. Plus encore, ils doivent faire en sorte de faire comprendre que les propositions pour faire arrêter le conflit viennent de lui. Puis il y a l’affront de l’annexion de la Crimée. Elle ne peut plus être remise en question si on veut arriver à une solution pacifique. Une démarche bancale ! Il est à craindre qu’en faisant de telles concessions on attise encore plus d’appétit chez le maître du Kremlin. Mais faire encore plus opposition signifierait un fin abrupte des négociations engagées. L’UE se trouve dans un dilemme presque impossible à gérer. Revenir sur toutes les erreurs d’un passé récent serait vain. Nous nous trouvons acculé à un mur. Faire parler les armes comme certains milieux conservateurs des États-Unis le préconisent serait pour l’Europe toute entière une catastrophe. Il ne faut en aucun cas que nos amis américains nous dictent notre manière de faire. De ce point de vue le voyage en Ukraine et en Russie était primordial. Vladimir Putin jauge parfaitement la situation où nous nous trouvons. S’il n’était pas lui aussi dans une catastrophe économique, il n’aurait qu’à attendre que l’armée ukrainienne batte retraite. Mêmes si certaines déclarations venant de Washington sont plutôt musclées, je doute fort que les USA veuillent se mettre en guerre pour satisfaire les dirigeants ukrainiens. C’est de la surenchère ! Il serait souhaitable que l’Allemagne et la France ne subissent pas de revers. Cela affaiblirait encore plus l’UE. Tout en mesurant les risques que peuvent engendrer la diplomatie, il n’y a pas d’autres issues que le dialogue. Je ne peux qu’espérer que le président russe ne nous manipule pas, qu’il puisse retrouver un peu de raison. La paix est une nécessité pour tout le continent, aussi pour la Russie. Ce n’est que dans la coopération qu’il sera possible de générer un peu de bien-être. Aujourd’hui le peuple russe subit les méfaits d’une politique belliqueuse, qui ne peut que le plonger encore plus dans la précarité. Vladimir Putin devrait avoir le courage d’agir. Il ne serait pas perdant !

pm

http://www.liberation.fr/monde/2015/02/06/ukraine-negociations-dans-l-urgence_1197335

Pierre Mathias

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