Ursula von der Leyen a passé de justesse le cap majoritaire au parlement lui permettant de prendre la tête de la Commission Européenne. Les députés ont donné l’impression de ne plus être des figurants, mais des personnes bien décidées à rendre la vie difficile aux dirigeants, que ce soient les chefs d’États et de gouvernement ou les ténors de l’administration bruxelloise. Il est évident que nombre de parlementaires se sont sentis bafoués par l’autoritarisme de certains leaders qui ont passé outre la volonté des électeurs quant à la désignation des postes à pourvoir à l’exécutif européen. Comme je l’ai déjà exprimé, je pense qu’ils n’ont pas rendu service à la cause européenne. Ce sera à Ursula von der Leyen de recoller la porcelaine cassée. Elle sera obligée de prendre bien plus compte du parlement. À côté des problèmes qui l’attendent au sujet du climat et de l’immigration, elle devrait mettre sur les rails une réforme des institutions. Il faut que l’UE se démocratise bien plus. Les députés auront leur part de responsabilité. À eux, indépendamment de leurs gouvernements respectifs, d’apporter de nouvelles impulsions à ce sujet, de permettre à l’UE de se démocratiser bien plus que c’est le cas actuellement. J’attends plus de transparence, mais aussi plus de proximité par rapports à nous les citoyens. Il serait enfin indispensable de donner la priorité à une Europe citoyenne, pour qui le social devrait avoir l’entière priorité. Ursula von der Leyen a évoqué dans son discours hier, une assurance-chômage commune, plus de concordance en ce qui concerne les lois du travail. Cela demande aussi une politique fiscale basée sur les mêmes fondements. Un travail titanesque.

Je donnerais parallèlement au pouvoir parlementaire, le droit au peuple de lancer des référendums et des initiatives comme en Suisse. Je pense pour que l’UE passe mieux auprès des citoyens, qu’il faut les impliquer bien plus que jusqu’à présent. Le cafouillage que nous avons vécu quant à la nomination du président de la commission ne doit pas se répéter, car cela entraînerait un réflexe de rejet. Ce sera à Ursula von der Leyen à prendre son bâton de pèlerin, afin de convaincre les citoyens de s’impliquer plus pour l’UE, mais il faut lui en donner les moyens. Comme je l’ai dit dans mes précédents articles, elle n’a pas tellement de réussites à son actif en ce qui concerne son poste de ministre de la défense en Allemagne. Faire de beaux discours est une chose, être efficace par rapport aux décisions à prendre une autre. À elle de démontrer qu’elle a du poil de la bête. Je lui laisse évidement la possibilité de contredire les impressions que j’ai d’elle. Peut-être que le défi lui servira de motivation de se surpasser. Mais ce qui me semble être tout aussi important, c’est l’apport du parlement en ce qui concerne l’élaboration des décisions à prendre. Il faut absolument qu’il s’implique bien plus, qu’il force les chefs d’États et de gouvernement à se solidariser bien plus avec l’UE, de mettre au second plan les intérêts nationaux. Il est l’organe représentant les citoyens. À l’avenir il devra bien veiller que l’arbitraire ne prenne pas le dessus. Son rôle est de servir les intérêts populaires, que cela plaise ou non. Les députés sont mandatés pour le faire. C’est la dernière chance à saisir, autrement ce serait le néant.

pm

https://www.nouvelobs.com/politique/20190716.OBS16015/ursula-von-der-leyen-elue-de-justesse-a-la-tete-de-la-commission-europeenne.html

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