Le rôle d’un ministère de l’écologie est d’être désagréable, de freiner ce que d’autres nomment l’expansion. Ceci au nom de l’environnement. Mais il ne suffit pas de dire constamment non. Il faut trouver de nouvelles solutions. Le succès de ses actions ne peut qu’avoir lieu, s’il y a pour le grand public un bon mélange de contraintes et de nouvelles options, qui en fin de compte peuvent améliorer la qualité de vie. Élisabeth Borne, la nouvelle ministre de la Transition écologique et solidaire, comme spécialiste des transports, a déjà eu par le passé une approche concrète en ce qui concerne l’environnement, ce qui, malgré mes doutes, la qualifie pour ce poste. Elle a mis en place un plan-vélo, préconisant aux citoyens de l’utiliser régulièrement, pour aller à la gare par exemple. Elle avait parlé d’une indemnité de 400 € remise par les employeurs au personnel, pour les encourager de laisser leur voiture à la maison. Elle veut qu’en 2040 il n’y ait plus de moteur à essence, que tout le parc automobile soit clean. « Il faudra justifier qu’on a une facture d’entretien de vélo, ce sera sur justificatif » Comme on le voit elle est très concrète. Aussi en ce qui concerne la situation climatique en haute-montagne, où son plan-vélo doit contribuer à une amélioration de l’air. Il en est de même en ce qui concerne le kérosène. « Si la France entend être à l’avant-garde de l’excellence environnementale, elle ne peut être seule sur ce chemin, au risque de n’avoir aucun effet sur le climat et de fragiliser notre compétitivité. Nous avons appelé à une décision à l’échelle européenne et à éviter le piège d’une décision pays par pays ». Elle est opposée à la mise au pilori de l’avion. Une fois de plus elle démontre que le pragmatisme l’emporte sur l’aspect idéologique. « Le monde aérien peut devenir le bouc émissaire de la lutte contre le réchauffement climatique […] Le gouvernement n’est pas de ceux qui pensent que l’avenir s’écrira sans avion. » Elle ajoute : « J’assume parfaitement que l’Etat soutienne ces lignes d’aménagement du territoire […] N’en déplaise aux détracteurs de l’avion, je préfère une petite ligne aérienne qui désenclave rapidement et efficacement, à la construction de très grandes infrastructures de lignes à grande vitesse. »
J’ai cité ses déclarations afin qu’on puisse de faire une idée de ce qu’elle entend faire à l’avenir. Elle part sans aucun doute de la rentabilité dans les projets qu’elle entend favoriser. Du concret. Sûrement une qualité dans le monde politique, où la pratique de l’usine à gaz est de mise. Elle ne fait pas du vent. Mais sera-t-elle à même d’enthousiasmer les citoyens afin qu’ils changent de comportement. J’en doute. Comme notre ami Patrick Peronne l’a très bien exprimé sur Facebook, un peu de charisme ne ferait pas de mal dans ce domaine qui soulève tant de résistance. Il faut être à la fois un bon gestionnaire et un philosophe pour mener à bien des projets titanesques qui changeront complètement notre comportement vital. Mais attention, la lutte contre le réchauffement climatique ne concerne qu’en partie la mobilité. L’industrie a une part de lion en ce qui concerne le CO2. C’est là que les mutations seront les plus douloureuses, car l’emploi est en jeu. Ce qui aurait des conséquences directes en ce qui concerne la vie quotidienne. Sans argent plus de voiture ! Est-ce la solution ?
pm