En début de soirée aura lieu l’élection au Parlement Européen, d’Ursula von der Lehen, au porte de cheffe de la Commission. Dans l’état actuel des choses, il est loin d’être certain qu’elle puisse compter sur une majorité. C’est moins sa personnalité qui est mise en cause, que la méthode employée pour sa désignation. Elle est hautement anti-démocratique car aucun des candidats qui se sont présentés officiellement à ce poste ont été nommés par les chef d’États et de gouvernements. Normalement, si on croit encore au système démocratique, Manfred Weber, qui avec les conservateurs, a remporté la victoire aux Européennes, aurait dû avoir une chance. Il a été écarté avec l’argument qu’il n’avait pas le calibre pour assumer un tel poste. Je condamne, comme les députés socialistes allemands, cette manière de procéder et serait dans un premier temps enclin à dire non à l’élection de Madame von der Leyen. Ce serait conséquent et juste. Une contribution pour plus de démocratie au sein de l’UE. Mais malgré toutes les bonnes raisons de lui refuser le soutien, je me sens mal à l’aise, car il se pourrait bien qu’elle passe avec l’apport des voix des anti-européens et des fascisants au sein de l’hémicycle, ce qui serait à mes yeux un séisme, qui ne conviendrait pas à la bonne marche des affaires de l’UE. Ce serait une une entrave de taille à l’idée que je me fais de l’UE. Je suis sûr que les députés de gauche se font également un soucis d’encre à ce sujet. Que faut-il faire ? Vaut-il mieux avaler une pilule amère en élisant cette candidate et sauver les bases d’une Europe tolérante, issue de l’humanisme ou vouloir prendre en compte l’apport de l’extrême-droite ?
Je ne pense pas que Madame von der Leyen échouera forcément, ce qui pourrait être, malgré les ennuis que cela amène, un sujet de réflexion pour l’avenir de l’UE. On voit ici les lacunes d’un système, où l’arbitraire est de mise. Peut-être la dernière occasion de faire changer les choses, comme de mettre aux voix lors des futures élections populaires les candidats aux postes importants de l’UE. Mais les chefs des gouvernement des pays-membres n’accepteront jamais une telle initiative, parce que leur rôle s’en trouverait fortement atténué. Ils devraient dans ce cas-là reconnaître que les personnes élues aient plus de puissance qu’eux-même. Mais entre la volonté de changer diamétralement de système et la réalité de ce jour, il y a un fossé presque infranchissable. D’où mon changement d’attitude par rapport au premier article que j’ai écrit après la nomination de la candidate, où je préconisais un non dur et pur. On peut m’accuser d’opportunisme, mais je ne peux pas ignorer ce qui se passerait si grâce à l’extrême-droite, Ursula von der Leyen pouvait obtenir une majorité au sein du parlement. Cela équivaudrait pour moi à un déni de l’UE. Cela ne m’empêche pas de critiquer vertement l’initiative des nations-membres. Elles ont mis l’Europe dans une situation plus que précaire. Que faire ? La candidate pourrait jeter l’éponge afin d’épargner à l’UE un tel dilemme. Je n’attends pas d’elle une telle grandeur. Le poste de cheffe de la Commission Européenne est trop tentant. Je ne peux qu’espérer que le scrutin de ce soir ne sonnera pas le coup de glas de l’UE. Cela serait une catastrophe inimaginable.
pm