Matteo Salvini a remporté avec sa Ligue 34 % des voix au Européennes en Italie. Il est largement en tête. Il a devancé le mouvement des Cinq étoiles de près de 17 %, qui se retrouve en 3ème place, derrière les sociaux-démocrates qui sont crédités d’environ 22 % des voix. Au lieu de m’offusquer de ces résultats, qui me bouleversent évidemment, je veux essayer de mieux comprendre ce phénomène qui secoue la péninsule. Quelles sont les raisons pour lesquelles la population de ce pays a voté pour un parti qui veut imposer une ordre-nouveau, un régime musclé qui défie la démocratie comme nous la connaissons en Europe depuis la fin de la guerre ? Est-ce un déni contre une certaine manière de vivre ? Contre l’empathie, qui est une des qualités essentielles des Italiens ? Il est un fait que les gens vivent dans une atmosphère que je qualifierais d’improvisée. Les uns et les autres peuvent survivre que grâce à la bricole. Ce qui revient à dire, qu’ils ne peuvent pas prévoir à l’avance, que chaque jour apporte ses incertitudes. Comme nous le savons ils sont passés maîtres dans la manière d’éviter le naufrage. L’industrie italienne est une des plus imaginative dans le monde. La mode en est l’expression. Pour se maintenir à flot, beaucoup de gens ont recours à l’économie parallèle, celle du noir, qui est illégale. Sans elle le pays aurait sombré depuis des décennie dans la faillite. Malgré un bilan très défavorable en ce qui concerne les dettes, il est étonnant que l’Italie est pour l’instant à même de survivre. Je pense que pour beaucoup cette situation, qui me rappelle celle d’un équilibriste devant traverser à cinq mètres du sol le manège d’un cirque, est déconcertante. À chaque pas il vacille mais arrive toujours à se rattraper. Mais qui sait, à la moindre brise la chute pourrait figurer au programme. Il est probable que cette situation amène un ras-le-bol général, que les Italiens aspirent à plus de sécurité.
Cette qualité de pouvoir parer personnellement quotidiennement à la ruine, n’est pas pour les familles une partie de plaisir. Il est dans un tel contexte pas étonnant quelles aspirent à un ordre nouveau, qui pourrait parer à de telles bourrasques, qui assurerait à tous des revenus réguliers. Un réflexe que je peux comprendre. Je le fais moins lorsque je vois, que les citoyens placent leur confiance en des apprentis-sorciers, qui leurs promettent monts-et-merveilles comme un Matteo Salvini. A-t-il vraiment l’intention de se mettre au service du peuple, où est-ce plutôt la soif du pouvoir. Je penche pour la deuxième supposition. Ce qui m’étonne toujours à nouveau est le fait qu’un peuple sensible et intelligent puisse se faire ainsi mener par le bout du nez. De croire qu’en excluant des étrangers, qu’en proférant des diatribes racistes, ils pourront se sauver ainsi de l’adversité. L’histoire devrait leur démontrer, où une telle attitude peut mener, qu’elle est à l’opposé du génie qui caractérise cette nation, qui la rend si sympathique. Au lieu de cela, du béton, qui risque de détruire l’âme de ce pays. Tout cela me laisse pantois. Faut-il proférer de la haine pour donner aux personnes l’impression qu’elles pourront se libérer du joug de l’improvisation ? Toute cette évolution plongera l’Italie dans une crise morale, qui risque bien de l’anéantir si les mentalités actuelles ne changent pas. L’exclusion est une mauvaise thérapie !
pm