Facebook a décidé de partir en croisade contre la haine, le racisme et l’arbitraire. Il a supprimé sept comptes d’activistes proches du nazisme. Mark Zuckerberg a déclaré hier : « Nous avons toujours interdit les individus ou organisations qui promeuvent ou se livrent à la violence et à la haine, quelle que soit l’idéologie. » Il est question de barrer l’accès à la plate-forme à des personnes proférant des menaces contre d’autres et ceci à cause de leur couleur, de la religion à laquelle ils appartiennent ou de leur manière de vivre. Parmi elles : Louis Farrakhan – leader de l’organisation Nation of Islam, fondée en 1930 –, connu pour son antisémitisme et homophobie. Alex Jones, un complotiste américain d’extrême-droite, fondateur du site Infowars. ll a prétendu, je cite Le Monde : que la fusillade survenue le 14 décembre 2012 dans l’école primaire Sandy Hook (Connecticut) – vingt-sept personnes étaient mortes dont vingt enfants – était une mise en scène, destinée à pousser les Américains à restreindre leur droit à posséder une arme à feu. D’autres protagonistes de milieux analogues ont été raillés comme Paul Nehlen, Milo Yiannopoulos, Paul Joseph Watson et Laura Loomer.
Mais il ne suffit pas d’éliminer les brebis galeuses, il faut mettre en place des forums destinés à combattre l’intolérance, les appels à la violence. Je pense que c’est là que le bât blesse. D’un côté je salue cette mesure orchestrée par Mark Zuckerberg, de l’autre je crains que si ces individus disparaissent ainsi de Facebook, ils mènent une lutte clandestine, à l’abri des regards, qui pourraient inciter pas mal d’individus au terrorisme. Pour combattre une telle évolution, il faudrait qu’il y ait sur les réseaux sociaux un suivi permanent de leur comportement. Il ne faudrait en aucun cas les ménager, au contraire. Il est évident qu’une telle manière de faire donnerait à Facebook un autre visage. On s’éloignerait des banalités quotidiennes qui y sont souvent publiées. Sans aucun doute la politique deviendrait un pilier plus important, ce que je m’efforce de faire depuis que je me manifeste sur ce site. Facebook contribue à la démocratie directe, permet à tous et chacun de s’exprimer, ce qui est pour moi une vertu essentielle. Mais à l’avenir les internautes devront réfléchir à leur manière de faire. Ils ne pourront pas se laisser aller d’écrire n’importe quoi, d’exprimer leur colère d’une manière discriminatoire. Je dois penser aux diatribes contre Emmanuel Macron, où « des amis » s’en prennent à son couple, à sa manière de vivre. On peut être un opposant acharné et garder de la retenue. Il ne peut pas être question de violer le cadre privé, de « tous ennemis potentiels ». Il ne s’agit pas de sombrer dans l’injure. En tant que journalistes, nous avons appris à dire ce que nous avions sur le cœur sans enfreindre les règles de bienséance. Il est difficile pour ceux qui n’ont pas appris « à ménager la chèvre et le chou », de se modérer dans le ton, mais de rester incisif. Je pense que Facebook a l’obligation d’informer plus tous ceux qui ont un compte et d’insister qu’ils fassent attention à leurs dires avant de cliquer leurs articles. Je lance un appel à tous ceux qui expriment leur opinion, peu importe laquelle, de lutter sans failles contre l’arbitraire, de respecter d’autres opinions, sans pour autant les critiquer, s’ils le ressentent ainsi.
pm