L’ancien président du Brésil, Lula da Silva, après l’émission d’un mandat de dépôt, devra se présenter aujourd’hui avant 17 heures, heure locale, à la police fédérale à Curitiba pour amorcer sa peine de prison de plus de dix ans. L’icône de la gauche brésilienne est ainsi mis hors-jeu, tout au moins pour l’instant. Il est accusé d’avoir reçu un appartement de luxe en échange de petits services en ce qui concerne les souscriptions. Lula prétend que cela ne correspond pas à la vérité. Dilma Rousseff, qui lui a succédé à la tête du pays, a prétendu hier dans une manifestation improvisée, que les militaires, encore teintés par des tendances d’extrême-droite, en avaient voulu à sa peau. Je ne sais pas quels sentiments cela m’inspirent, mais je pourrais assez bien m’imaginer que tout ne s’est pas passé d’une manière correcte. Je dois avouer que je connais trop mal la politique brésilienne, pour avoir un jugement définitif mais je veux faire parler tout d’abord mes sentiments, par rapport à ce que je ressens dans tout cela. Il est tout de même symbolique que ce dernier épisode – pour l’instant il n’y a pas de preuves qu’il puisse avoir un revirement dramatique – se déroule à quelques kilomètres de Curitiba, la huitième ville du Brésil par rapport à la population. Cette ville a mis sur pied un modèle révolutionnaire pour l’avenir. Le système social est avant tout axé sur l’égalité, les transports publics prennent en compte les besoins de l’écologie, la lutte contre la pauvreté a une priorité. Un grand contraste avec les autres métropoles du Brésil, ou le fossé entre les pauvres et les riches se creuse de plus en plus. Lula avait été lui aussi le symbole d’un peu plus de justice. Il est évident que sa démarche gênait la classe dirigeante, d’autant plus qu’il se trouve actuellement à la tête des sondages en ce qui concerne les élections présidentielles qui se dérouleront encore cette année. C’était vraiment la personne à abattre, afin de sauver les prérogatives malhonnêtes que la bourgeoisie considérait lui venant de droit. Je suis curieux de voir quelles seront les réactions du peuple après le probable emprisonnement de l’ancien président ? Pourra-t-il se battre efficacement contre l’esprit totalitaire des plus nantis ?

Et que fera l’armée, si le tout devait passer à l’émeute ? Y aurait-il à nouveau un risque de coup d’État ? La tentation devrait être grande, d’autant plus que le mépris des officiers à l’encontre des politiciens en général n’a certes pas diminué. N’oublions que cette même armée a conduit le Brésil pour quelques temps dans le totalitarisme et a été à l’origine de méfaits criminels, comme la torture, la mise à mort, de bien des personnes qui s’opposaient à la dictature. Des années noires, où régnait la violence et l’injustice. Je ne sais pas si le peuple se souviendra encore, de cet épisode sanglant de son pays. Si cela devait être le cas, il devrait tout tenter afin que les militaires y mettent leur grain de sel. Mais à tout prendre, j’ai l’impression que la peine très élevée pour Lula, a été imposée au juge Sergio Mora par des cercles proches de l’armée et des milieux archi-conservateurs du Brésil. Tout cela doit être très angoissant pour la population de ce pays, qui de nature est du caractère enjoué. Pas de quoi danser la Samba !

pm

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2018/04/05/un-juge-bresilien-emet-un-mandat-de-depot-contre-l-ex-president-lula_5281290_3222.html

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