Il court, il court le furet au moment, où j’écris cet article. Peut-être que quand vous le lirez , Carles Puigdemont, l’ancien président de la Catalogne, se trouvera à Bruxelles ou ailleurs. Pendant que ses amis politiques débattaient et s’étaient décidés de participer aux élections organisées par Madrid, il était introuvable. Dans certaines interviews prises dans la rue, des citoyens se sentaient floués. Au lieu d’affronter la tête haute les mesures prisent pas le gouvernement Rajoy, le chef des indépendantistes semblait avoir pris la poudre d’escampette. C’est l’impression qu’il laisse et qui pour son mouvement est une catastrophe. Il n’est pas donné à tous de jouer aux héros, mais c’est bien Puigdemont qui se considérait comme le porte-drapeau de la Catalogne libre. Même si c’était un retrait stratégique, il me met mal à l’aise, même si je suis complètement opposé à la séparation de cette province de l’Espagne. Je pense que pour mener à bien une telle opération, il faut avoir du panache. Je peux très bien comprendre que nombre de ses adeptes soient déçus, car ce mouvement pouvait obtenir une autonomie plus grande de la province. J’aimerais essayer d’analyser d’un point de vue loyaliste ce qui se passe depuis des mois, sinon des années. Après s’être débarrassé du franquisme, ce qui a été seulement possible à la mort du caudillo, la jeune démocratie espagnole a été parfois acculée par les nostalgiques de la dictature. Il a fallu lutter contre les forces réactionnaires qui dirigeaient encore bien des secteurs économiques du pays, ceci avec l’aide de l’Opus Dei, un ordre réactionnaire proche des fondamentalistes. C’est en partie grâce au roi Juan Carlos 1er, que l’ordre démocratique a pu être sauvé de justesse lors d’un putsch organisé par le lieutenant-colonel Tejero, le 23 février 1981.

Ce qui s’est passé dans la péninsule ibérique, aussi au Portugal, mérite le respect. Il est évident que les tensions avec la Catalogne n’ont pas pu être aplanies. Je ne sais pas si le gouvernement central avait accordé plus d’autonomie à cette province, nous en serions là ? Je ne peux pas émettre de jugement ne connaissant pas vraiment les mentalités. Mais si des centaines de milliers de personnes défilent dans les rues, les unes pour l’indépendance, les autres pour le rattachement à l’Espagne, cela veut dire que bons nombres de problèmes n’ont pas été réglés. Je suis d’avis qu’il faut saisir à bras-le-corps le malaise et essayer de l’analyser puis de l’éradiquer. On ne peut plus passer outre, d’autant plus que l’avenir de l’Europe pourrait se jouer à Barcelone. Dans tout ce contexte il ne faut pas oublier la crise économique et financière qui a touché l’Espagne, mais non plus les innombrables chômeurs de moins de 30 ans. N’a-t-on pas parlé d’une génération perdue ? Ne serait-il pas plus important d’accorder toute la priorité à cette misère, dont les jeunes sont victimes au lieu de rêver à une utopie ? Il est évident que la Catalogne ne peut que survivre en coopérant avec d’autres provinces en Espagne ou ailleurs, ceci dans le cadre de l’UE. Je ne pense pas que Carles Puigdemont aurait eu le charisme de rassembler tous les citoyens sous une même bannière. Il court, cour le furet….

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2017/10/30/catalogne-plusieurs-partis-independantistes-annoncent-leur-participation-aux-elections-du-21-decembre_5207899_3214.html

Pierre Mathias

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