Avec 17,6% des voix le CDU de Madame Merkel est en deuxième position derrière les 21,6% du SPD aux élections de Berlin. Le parti d’extrême-droite AfD glane14,2%. Les deux grandes formations démocratiques ont ainsi perdu des plumes. Michael Müller, les maire-régent social-démocrates sera obligé de former une coalition avec les verts et les Linke. La collaboration avec le CDU est ainsi terminée. La Chancelière perd de plus en plus de soutiens de la part des électeurs et se trouve ainsi dans une position précaire. Le CSU bavarois de Horst Seehofer l’attaque en ce qui concerne sa politique migratoire et remet en question son alliance avec elle. Ces querelles lui causent du tort, mais elle tient encore bon. L’échiquier politique de la République fédérale est en train de changer avec l’avènement de l’AfD dans une dizaines de parlements régionaux. Contrairement qu’en France, où le FN du fait du scrutin majoritaire ne se retrouve pas au parlement, ce ne sera pas le cas de la droite musclée allemande. Il est dorénavant sûr qu’elle entrera au Bundestag. La proportionnelle est plus équitable, mais elle conduit à une telle constellation. Il est effectivement à craindre que l’AfD, comme les populistes suisses, sera ainsi dans une position lui permettant de bloquer la démocratie en Allemagne. Ce n’est pas une bagatelle, pas un événement protestataire comme on voudrait le faire passer. Ne soyons pas dupes, la démocratie est en train de subir une érosion. C’est la peur qui régit. Elle n’est pas seulement due aux migrants, bien plus à un déséquilibre de plus en plus grand entre la révolution technologique et des structures politiques du passé. Les individus aujourd’hui risquent de plus en plus de s’émanciper, ce qui remet en question le pouvoir.
Les progrès de l’informatique devraient amener les gens à plus d’émancipation, c’est justement ce que des formations autoritaires cherchent à freiner. C’est un dernier rebond contre la liberté individuelle. Le grand tort des partis traditionnels est de ne pas réagir fondamentalement. Il me paraît trop facile de mettre des problèmes quotidiens en avant, sans se poser des questions de fond au sujet de la mutation de notre société. Tant que cela ne sera pas fait, il faudra s’attendre à une recrudescence de la violence incarnée par des éléments autocratiques, qui souhaiteraient mettre sous leur joug les citoyens. Pour y arriver ils doivent détruire la démocratie. Revenons aux élections de Berlin. Le fait que dans une ville éprises d’un esprit libéral, l’extrême-droite remporte d’un seul coup 14,2% des voix, fait mal. La majorité de ses électeurs vient du CDU. Ce fait déjà est une gifle pour la Chancelière. Personne ne peut dire actuellement si elle est prête à se représenter en 2017. Ce qui entre aussi en jeu c’est le fait qu’elle a créé du vide autour d’elle. Personne à l’horizon pour reprendre le flambeau en cas de défection de sa part. Cela est inquiétant. Les élections de hier à Berlin poussent de plus en plus les chrétiens-démocrates contre un mur. Il est décourageant pour eux de se rendre à l’évidence qu’ils subissent une déchéance. Je ne sais pas au juste si les électeurs s’en rendent vraiment compte. Râler est une chose, gouverner une autre.
pm