Avant d’aller dormir, j’ai lu un article très intéressant dans la « Süddeutsche Zeitung ». Le journaliste Matthias Drobinski part du principe que les populistes ne sont pas rétrogrades, au contraire. Leurs thèses correspondent à son avis à notre génération internet. Elles ne sont pas emprises par le conservatisme mais au contraire évolutives. C’est ce qui d’après lui les rendent aussi dangereuses. Ce ne serait pas un regard porté en arrière, mais une perspective d’avenir. De vouloir placer l’AfD, par exemple, comme une formation ayant hérité du nazisme ou du fascisme lui semble erroné. Il serait temps que les autres partis réagissent en n’employant pas la polémique comme outil mais en se réformant eux-mêmes. Dobrinski trouve leurs programmes souvent dépassés et inadaptés aux aspirations actuelles des populations. Il va un pas plus loin : au lieu de mettre les populistes au pilori, il serait à ses yeux temps, de se pencher sur leurs programmes et d’en faire une analyse impitoyable. Cela implique un changement unilatéral de la manière de faire. En démonisant les partis populistes et en publiant des semi-vérités, il sera impossible d’enrayer leur marche. Que ce que l’on se dise, ils font malheureusement partie de la réalité. J’ai d’abord été surpris par la teneur de cet article, l’ai rejeté en quelque sorte, mais après une nuit de sommeil, je me suis ravisé. Je pense que le journaliste allemand a dans bien des points raison. Le FN ne peut pas être arrêté en le plaçant seulement dans la sphère Pétain, Laval ou Maurras. Ce n’est pas seulement un réservoir de nostalgiques, peu importe leur appartenance au sein de la société. Il est une arme redoutable parce qu’il n’hésite pas à se situer dans ce qu’on pourrait nommer l’évolution. Elle ne nous plaît pas forcément, mais on ne peut pas l’ignorer. Le FN se considère comme un antidote par rapport à la mondialisation. Il se veut être le gardien du nationalisme et refuse toutes ingérences venant d’ailleurs. Il représente pour moi un passé que j’aimerais voir révolu. Dans ce point-là je ne suis pas de l’avis de Matthias Dobrinski. J’ai de la peine à comprendre que le populisme puisse être à l’image d’une majorité d’internautes qui préconisent la peur et l’autodéfense. Bien que les résultats le prouvent, je refuse de me soumettre à cet état d’esprit. Mais où je l’approuve c’est son analyse des partis traditionnels qui sont souvent sclérosés. Sans pour autant aller dans le sens du populisme, il serait bon de revoir point après point sa copie. Il ne faut absolument pas ignorer les tensions auxquelles sont soumises chacun d’entre nous. Nous avons l’impression d’être entraîné dans le vide sans avoir pour autant les moyens de se défendre. La crainte d’être submergé par l’islamisme est une des causes essentielle de la crise actuelle. Ceux qui émettent des propos racistes et discriminatoires, le font parce qu’ils veulent masquer ainsi leur propre échec. C’est une des sources du mouvement populiste. Il tente de faire miroiter une époque dominée par la civilisation européenne en oubliant qu’un soi-disant retour en arrière ne correspond plus aux faits. Une société multiculturelle est en place qui ne pourra pas être « blanchie »
pm