Le Front national ne dirigera aucune région. Les électeurs se sont mobilisés pour lui faire barrage. Je peux que m’en réjouir ! Mais ce n’est pas une raison de triompher, loin de là. Comme l’a dit Manuel Valls, l’extrême-droite est plus présente que jamais. Hier elle a encore marqué des points en ce qui concerne le nombre de ses supporteurs. Un million de plus par rapport au premier tour ! Cela devrait faire réfléchir. Puis il y a encore un fait essentiel : de plus en plus de jeunes croient trouver chez Marine Le Pen et ses acolytes une rédemption. Il est évident qu’après une telle débâcle du système politique traditionnel, les partis démocratiques devront revoir complètement leur leçon. C’est un fait qu’un grand nombre de citoyens ne semblent pas se sentir compris. Que les problèmes et avant tout les angoisses qu’ils ressentent, ne sont pas pris en compte par les responsables. Il s’agira de faire une analyse de fond et de remettre tout en question. Mais aussi convaincre chacun qu’il porte une responsabilité collective. Cela ne peut que marcher, si les soucis quotidiens sont atténués. Une simplification de la fiscalité, plus de souplesse de la part de l’administration, une implication plus grande des instituts bancaires en ce qui concerne les investissements, pourraient être l’amorce d’une solution en ce qui concerne le chômage. Pour que cette lutte soit couronnée de succès, il faut absolument que les citoyens aient à nouveau envie de s’engager, de travailler pour un but commun : la prospérité. Mais ce n’est pas dans un état de révolte ou de dépression qu’il sera possible de retourner la barre. Les conditions personnelles doivent être améliorées. Qu’attendre de gens qui se trouvent constamment au bord de l’abîme ? Cela a un effet paralysant. Il n’est pas étonnant que dans un tel contexte la tentation est grande de croire au Père Noël. Il a pris les traits du FN et fait croire qu’avec des solutions simplistes il y aura des miracles. Cette attitude est loin d’être éradiquée. Dès aujourd’hui, que ce soit à droite ou à gauche, il faudra changer radicalement de politique, rejeter toutes formes de clientélisme, suivre un but qui ne peut à priori pas être électoral. Il s’agit du bien de la France et ses habitants. Hier soir un grand nombre de politiciens se sont exprimés dans ce sens. Pourvu qu’ils réalisent leurs vœux. Cela ne peut qu’être possible si on se concentre sur des faits et qu’on ne jette pas de la poudre aux yeux des électeurs. J’irais encore plus loin. Il faut que bien au-delà des considérations partisanes, il y ait un effort commun. Il serait temps de rejeter les vieux clichés qui rendent impossibles tout accord entre des formations diverses. Le but serait d’arriver dans certains cas à un consensus dans des domaines d’intérêt général comme le marché du travail par exemple. Il en va du bien de la nation toute entière ! Cela ne peut pas laisser place à des luttes intestines qui ne peuvent que servir le FN. Je ne suis aucunement contre les débats, au contraire, mais ils devraient être constructifs. Il ne sert à rien de se lancer à la tête des noms d’oiseaux, il faut au contraire trouver des solutions et respecter des avis opposés. Le seul critère est le résultat, ni plus, ni moins. Aux armes citoyens ! Eux seuls pourront obliger les partis à évoluer.

pm

http://www.lemonde.fr/elections-regionales-2015/article/2015/12/13/ce-qu-il-faut-retenir-du-second-tour-des-elections-regionales_4831114_4640869.html

Pierre Mathias