Lorsqu’on sait qu’un agriculteur gagne en moyenne 350 € par mois, on ne peut pas attendre de lui qu’il danse la Samba de joie. La plupart des gens lui diraient : « C’est bien simple, tu n’as qu’à… » Pensent-ils qu’ils se porteraient mieux en jetant l’éponge ? En abandonnant la terre de leurs ancêtres ? La laisser aller en jachère représenterait pour eux une trahison, un déni de leur personnalité. Dans une telle situation ils ont du mal à accepter les bons conseils, d’autant plus qu’ils viennent souvent des salons dorés, d’un monde se trouvant à des années lumières de leur situation. Lorsque Emmanuel Macron leur dit de changer les méthodes de production, de se baser sur de nouveaux produits que réclame le marché, il a probablement raison mais oublie qu’il a affaire à des personnes déprimées, qui après des années de luttes vaines, n’ont probablement plus la force nécessaire de mettre en pratique des réformes. Et puis il y a une chose qu’on oublie souvent. Tout changement met beaucoup de temps, car il est au rythme que la nature nous impose. Un exemple que j’ai déjà évoqué : Lorsque les viticulteurs du Languedoc-Roussillon ont quitté le système du vin industriel, produit par les coopératives et se sont mis à leur propre compte pour produire des AOC de haute qualité, ils ont dû arracher les plants, enlever la terre souillée par le phosphate et d’autres pesticides, puis la mettre en jachère pendant sept ans, afin qu’elle soit biologiquement propre. Puis il fallu planter de nouvelles espèces de raisins. Encore quelques années nécessaires pour commencer la production. Cela demande énormément de temps et pendant tout cela, il faut bien vivre. Weiterlesen