Depuis longtemps je me pose la question ce qui peut amener des jeunes gens à se faire sauter au nom d’une idéologie. Qu’ils soient manipulés est évident, mais je ne pense pas que cela suffit pour mettre fin à ses jours. Le fanatisme est un poison, mais il ne peut pas croître sans raisons psychologiques et sociologiques. Il s’agit là d’un sacrifice ultime. D’essayer de se mettre dans la peau de ces terroristes est presque impossible. Mais il doit y avoir des faits objectifs pour amener un individu à une telle décision. Je pense qu’il faudrait analyser encore bien plus des événements paraissant peut-être anodins par rapport au mal que ces désespérés peuvent occasionner. Comme je le répète depuis que je fais des films dans les banlieues, seule la situation sociale des familles ne peut pas tout expliquer. Il faut se plonger dans les mentalités, qui par l’exil ont assez évolué. Un des points essentiels est la chute de l’aura du patriarche. Le père joue dans la société orientale un rôle de taille. Tout tourne autour de lui. Il est garant de la tradition, donne la direction à prendre à sa ou ses femmes et à ses enfants, est une autorité morale. C’est lui qui se charge des moyens matériels, leur permettant de survivre. Dans la société occidentale son autorité est remise en question au profit de l’individualité de chacun. Dans de tels clans, cette manière d’évoluer remet tout en question. Lorsque la déchéance sociale s’ensuit, il n’y a plus que du désordre. Les fils en particuliers se révoltent et se croient obligés de subvenir aux besoins de la famille, que le chef ne peut plus assumer. Peu importe les moyens. La vente de stupéfiants en est un, le vol à la tire ou des agressions multiples, en sont d’autres. Weiterlesen