Je pourrais écrire que je suis outré par les événements de Chemnitz, la troisième ville de la Saxe, où des néonazis et des membres du Pegida se sont livrés une chasse à l’homme après qu’un Allemand ait été poignardé dans une rixe opposant des migrants à des « germains purs et durs ». Les deux meurtriers sont originaires de Syrie et de l’Irak. Ils sont âgés d’environ 22 ans. Je le suis, mais considère que mon devoir consiste à éclairer l’origine de cette haine. J’ai tourné en février 1990 à Karl-Marx-Stadt, c’était le nom de Chemnitz pendant la RDA. Soit à peine deux mois et demi après la chute du mur de Berlin. Mon thème était déjà l’extrême-droite et ses marionnettistes. Ceux qui dans l’arrière-plan tiraient les fils. Déjà au temps du régime socialiste, la xénophobie était de mise. Le gouvernement faisait certes venir des ressortissants du Vietnam, du Mozambique, de l’Angola et d’ailleurs, « dans l’esprit solidaire d’un pays-frère », qui se devait de soutenir tous ceux qui luttaient contre le capitalisme. Mais la réalité était bien moins reluisante. Ces « frères et sœurs » étaient traités comme des esclaves, devaient travailler pour un salaire de misère et étaient parqués « comme des cochons », dans des zones qui leurs étaient réservées. Ils devaient passer les nuits dans ces ghettos et respecter une sorte de couvre-feu. Toutes relations un tant soit peu plus intimes, étaient assorties à l’expulsion immédiate de Roméo ou de Juliette. Ce pays, où l’égalité et la justice régnaient, perpétuait ainsi la tradition instaurée par les nazis, tout en se déclarant anti-fasciste. Le tout était orchestré par le Stasi, qui soutenait indirectement les groupuscules néonazis, qui ont existé tout au long des années Ulbricht et Honecker, des dirigeants démocrates tous crins, Les voyous, qui encore hier soir ont occupé les rues de Chemnitz, sont aussi les descendants des chemises brunes dont je viens de parler. Weiterlesen